Antonio Da Silva, technicien de fouille depuis plus de 20 ans.
4 mars 2022 , par
Quel est ton parcours et comment as-tu intégrer le bureau du patrimoine archéologique ?
Suite à mon baccalauréat, j’étais disponible pour entrer sur le marché du travail. J’ai d’abord travaillé dans le bâtiment, plus précisément sur des installations de ventilation. Toutefois, j’étais sous des contrats d’intérim, et donc ce n’était pas forcément une situation très stable. J’ai ensuite suivi le dispositif d’emplois jeunes mis en place par l’état, qui souhaitait augmenter l’embauche pour les jeunes travailleurs. J’ai donc reçu une proposition pour travailler en tant qu’ouvrier de fouille au bureau du patrimoine de Seine-Saint-Denis. On nous a fait passer des tests, et c’est donc comme cela que j’ai intégré le bureau. J’ai donc appris sur le terrain, grâce à mes expériences successives, notamment par l’observation du savoir-faire des archéologues.
Mais j’ai aussi dû faire des formations plus spécifiques, pour notamment utiliser les outils d’enregistrement des données.
Suite à cela, j’ai pu devenir fonctionnaire grâce à des examens professionnels, je suis donc aussi responsable de la gestion des véhicules du bureau. Par conséquent, je suis aussi agent technique. Cela fait maintenant plus d’une vingtaine d’années que je fais partie du bureau.
Pourquoi avoir choisi ce métier et en quoi consiste-t-il ?
J’ai donc saisi cette opportunité premièrement par intérêt pour le travail manuel. Mais également, car j’aime l’histoire, comprendre et connaître le déroulement historique me semble vraiment intéressant. Le métier d’ouvrier de fouille permet justement ce croisement d’activités.
En effet, mon métier consiste principalement à fouiller et à effectuer le traitement post-fouille.

Peux-tu nous décrire une journée typique d’un ouvrier de fouille ?
Mon travail est celui d’un technicien/ouvrier de fouille. C’est à dire que j’effectue beaucoup de tâches similaires au travail d’un archéologue, ou d’un responsable d’opérations. La seule différence avec eux est que je ne possède pas de diplôme reconnaissant mes compétences en archéologie, vu que je n’ai pas suivi ce cursus scolaire.
En ce moment la priorité est au traitement du mobilier découvert sur la fouille de Bobigny. Concrètement, je fais du lavage de matériel comme la céramique?, le fer, ou encore des ossements animaliers. Et ensuite, je les conditionne.
Mais je dois également enregistrer les informations selon un processus stricte. Je dois rentrer les données dans une base de données, mais aussi faire de la DAO (Dessin Assisté par Ordinateur) par exemple.
Je fais également des fouilles lorsque le bureau est désigné comme opérateur de la fouille, peu importe la période concernée. J’ai donc les capacités d’encadrer des stagiaires ou bénévoles qui débutent sur le chantier.
Quels sont les points positifs et négatifs de ton métier ?
Le métier que je fais ressemble beaucoup à celui de l’archéologue. Je fais principalement des tâches qui aident les archéologues. Cela nous permet de travailler en équipe, et de tisser des liens forts. Mais j’ai également la possibilité de rencontrer des personnes extérieures au bureau, comme des archéologues de l’Inrap.
L’un des aspects les plus pénibles de ce travail est l’importance de l’activité physique. Et ce notamment lorsque nous fouillons dans conditions difficiles. Il nous arrive de fouiller en hiver, avec des intempéries importantes, comme la neige. Mais les sites peuvent aussi être pollués, et nous devons alors nous équiper de combinaisons adéquates.
Ce métier est très enrichissant, lorsque je suis arrivé, j’avais peu de connaissances sur le métier. Et puis peu à peu, j’ai appris à travers mes diverses expériences. Mais la discipline a beaucoup évolué depuis mon entrée dans le service, notamment avec l’arrivée et le développement de l’informatique. J’ai donc pu évoluer en même temps que l’archéologie, ce qui me permet de faire les mêmes tâches qu’un archéologue.
