Bail à cens à Michault Laillier de 15 arpents en friche sis à Villepinte au lieu-dit le Pont des Places - 1476, 27 septembre

Par cet acte, l’abbé de Saint-Denis accense à Michault Laillier, laboureur à Villepinte, une grande pièce de terre abandonnée et en friche située près du village. Le preneur s’engage à la remettre en culture moyennant un cens de un sol l’arpent, le premier paiment devant s’effectuer aux octaves de la Saint Denis 1477. On est en droit de s’étonner devant un réaccensement moyennant une charge en argent, et non une charge en nature, compte tenu de la baisse continue du pouvoir d’achat de la monnaie. De fait, les seigneurs ne profitent globalement pas du mouvement de réaccensement d’après guerre pour accroître la part des redevances en nature au détriment des redevances en argent. La part de ces dernières va même en s’accroissant. Mais il ne peut guère en aller autrement. Depuis longtemps déjà, l’intérêt du monde paysan est de substituer des droits en argent à des droits en nature afin de profiter d’une tendance inflationiste multiséculaire. Or, la situation de l’après guerre, caractérisée par une offre de terre supérieure à la demande, ne fait que renforcer la position des ruraux. Il n’est pas sûr d’ailleurs qu’il soit alors bien de l’intérêt des seigneurs d’exiger des charges en nature. Les cens et rentes en argent sont en effet dus dès la première année alors qu’une redevance en nature ne l’est qu’à la première récolte, et encore est elle proportionnelle à la récolte. Peut-être l’extension des droits en argent est-elle ainsi un moyen d’obliger le nouveau tenancier à remettre en culture au plus vite et d’obtenir au plus vite une revenu, aussi minime soit-il. Toujours est-il que dans le cas présent, comme dans la plupart des cas, le montant de la redevance s’établit à un niveau peu élevé.