La maison Pierre Calliat, fondée à Paris en 1863, pratique le laminage des métaux précieux avant de se lancer dans le décolletage de précision (vis cylindriques, ressorts en cuivre et en acier...). C’est pour développer cette activité que l’entreprise s’installe à Pantin, rue du Centre, à la fin du XIXe siècle. A l’instar des autres établissements de petite métallurgie constellant le territoire, l’usine Calliat est peu étendue. Elle occupe une parcelle de 1900 m² sur laquelle sont implantés un atelier et un dépôt de charbon (disparus) placés au fond du terrain ainsi qu’un pavillon? donnant sur la rue (A). L’atelier présente la forme d’un appentis en bois (46x8m) composé de parois de briques et de châssis? vitrés, et duquel émerge une cheminée (disparue). Une construction bien modeste au regard du pavillon, imposante demeure bourgeoise séparée du reste du site par un jardin paysager. Réalisée par l’architecte parisien René Dubuisson, auteur prolixe connu pour avoir édifié le palais de l’Empire Ottoman à l’Exposition universelle de 1900, la construction est caractéristique de ce type de programme? destiné aux chefs d’entreprise aisés. De plan? rectangulaire, la maison s’élève sur deux niveaux plus un étage sous combles mansardés et percés de lucarnes à fronton. Sa composition est parfaitement symétrique, deux travées identiques se déploient de part et d’autre d’une travée? centrale marquée par une majestueuse marquise d’entrée. Chacune de ces divisions ainsi que les pignons? du pavillon sont bordés de pilastres traités en léger bossage et couronnés d’un imposant médaillon à motifs floraux. Les décors à fleurs se retrouvent au dessus des baies?, sur les voussoirs et guirlandes soutenant les seuils des fenêtres mais semblent avoir disparu de la frise qui soulignait la corniche?. Cette richesse ornementale se double d’un décor intérieur tout aussi fourni, sols en mosaïques et plafonds à caissons, pour constituer un édifice représentatif du style Belle époque. Une bien belle demeure que conserve la famille Calliat alors même que celle-ci transfère ses activités à quelques centaines de mètres de là, rue Meissonier, vers 1919.
La Manufacture de tubes de Pantin qui réoccupe l’usine à partir de cette date introduit une nouvelle activité qui se maintiendra sur le site jusqu’en 2017 : l’étirage du tube. D’abord exploité par Gorain et Rochez l’établissement réalise l’étirage à chaud de tubes soudées et sans soudures, en fer et en acier, destinées aux secteurs de l’automobile, de l’aviation et du cycle ainsi qu’aux transports de fluides (eau, gaz, vapeur). En 1922, la maison Jamar Frères & Cie reprend l’exploitation et recentre l’activité sur le seul tube en acier sans soudure. Les Établissements Francis Pouchard & Cie qui lui succèdent dès 1927 poursuivent cette production tout en s’essayant dans l’étirage à froid plus précis que le traditionnel procédé à chaud.
En dépit du caractère encore artisanal de l’activité, où le tube est réalisé pour partie à façon, des aménagements ont été nécessaires pour recevoir l’ensemble des équipements de l’étirage. L’atelier existant qui regroupe les étapes préparatoire (découpe, soyage) et celles d’étirage (passage au banc, four de recuit) est doublé dès 1910 par un étroit hangar en bois dédié aux étapes de finition (dressage, décapage). Un second, plus réduit encore, est construit le long de la cour d’entrée pour l’entreposage des tubes avant et après leur transformation (disparu). L’activité du tube s’avérant cependant très consommatrice d’espaces de stockage, cette installation se voit rapidement complétée par l’acquisition d’un dépôt de marchandises situé à quelques dizaines de mètres de l’usine, 22 rue du Centre.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale les établissements Pouchard modifient et modernisent en profondeur les installations en vue de répondre à la demande de tubes née de la reconstruction industrielle du pays (automobiles, machines-outils, matériels ferroviaires et agricoles, chaudières industrielles...). En plus de l’ouverture d’une nouvelle usine rue du Cheval-Blanc à Pantin, des travaux sont entrepris sur le site de la rue du Centre en 1945 sous la direction de l’architecte Louis Corlouër, cousin de Francis Pouchard. La cour d’entrée est couverte (B) et dans son prolongement est monté un hangar de métal et de briques à usage de dépôt de tubes (C). Puis, une nouvelle halle d’atelier (D) est élevée à l’emplacement de celles d’origine et d’une partie du jardin. La construction présente une mise en œuvre élémentaire mais soignée : structure? métallique hourdie de briques rouges, toiture à deux pans et croupe couverte de fibrociment, lanterneau? zénithal vitré. Les poteaux, poutres formant chemin de roulement et pannes sont en acier riveté assemblé en treillis, les fermes de la charpente sont triangulées. L’ensemble mesure 10 mètres de haut, 42 de long et 17 de large, pour développer une superficie de 720 m² pouvant s’étendre à près de 1000 m² en y intégrant les éléments préservés, appentis en bois, magasins et bureau attenant (E). La surface utile au sol ainsi dégagée, associée à la structure métallique plus résistante que celle initiale en bois, permettent ainsi d’optimiser et de rationaliser? l’espace de production dorénavant équiper de ponts roulants. Les diverses étapes de l’étirage à froid, principal procédé désormais utilisé par Pouchard, sont regroupées sous la halle. Les tubes circulent à l’aides des ponts d’un poste à l’autre : approvisionnement, coupe, graissage, passage au banc, décapage, expédition. Quant à l’étirage à chaud devenu plus secondaire, celui-ci est placé sous l’appentis alors dépourvu d’outils de manutention.
L’expansion continue de l’activité des établissements Pouchard au cours des années 1950-1960 conduit à une réorganisation du site qui devient alors complémentaire de l’usine du Cheval-Blanc. Pour renforcer les capacités de production l’atelier du Centre est équipé de trois bancs d’étirage et, surtout, reçoit toutes les installations de traitement de surface de l’entreprise. L’ensemble des étapes préparatoires à l’étirage des tubes, y compris ceux destinés au Cheval-Blanc, se concentre dès lors au même endroit. Des cuves, bassins et bacs de décapage, dégraissage, neutralisation, phosphatation et rinçage sont aménagés en conséquence. Une surprenante organisation de la chaîne de production qui oblige à recourir à plusieurs navettes journalières entre les deux sites. Les seuls effets de cette réorganisation sur la physionomie du site se résument toutefois à la substitution d’une structure métallique à l’appentis en bois (F) et à la destruction de la cheminée en briques. Quant aux effectifs, ils restent stables, autour d’une vingtaine de salariés.
Dans les années 2000, le site est une ultime fois réaménagé . Afin de répondre au nombre croissant de plaintes des riverains contre les nuisances sonores, toutes les machines d’étirage sont transférées dans l’usine du Cheval-Blanc. Intégrée à plan global de restructuration dénommé "Pouchard 2000" cette opération aboutit au déplacement des dernières installations de traitement de surface sur l’unique site du Cheval-Blanc dans les années 2008-2010.
Épilogue à l’histoire de ce site caractéristique de la petite métallurgie de transformation de la banlieue parisienne, le rachat en 2020 par le promoteur Alios Développement pour y conduire un projet d’aménagement.
Date de construction
1895; 1945; 1960
Organisme
service du patrimoine culturel de la Seine-Saint-Denis
Date de rédaction
2003; 2020
Date de découverte ou d'enquête
1997 ; 2003; 2019
Source
AM Pantin : 43W119, 147 ; 129W52 ; 21W19
Qualification de datation
campagne(s) de construction
Parties constituantes
logement patronal; atelier de fabrication; bureaux; vestiaire d'usine; entrepôt industriel
Servitude protection
périmètre MH
Illustrations
Aire de stockage des tubes. Vue des deux ponts roulants Catras (1er plan?) et Levman (2d plan) (…)
N° 6372 - jpg
- 600 × 399 pixels
Détails
Crédits |
Cécile Katz © Caue 93 |
Dimensions |
600 × 399 pixels |
Résolution |
0.2 Mpx |
Poids |
41.2 kio |
Date |
24 mai 1997 |
Fichier |
6372_pleinecran.jpg |
Représentation de l’usine Calliat en 1914. Le jardin paysager occupe une place centrale dans (…)
N° 6376 - jpg
- 600 × 387 pixels
Détails
Crédits |
Cécile Katz © Caue 93 |
Dimensions |
600 × 387 pixels |
Résolution |
0.2 Mpx |
Poids |
72.6 kio |
Date |
24 mai 1997 |
Fichier |
6376_pleinecran.jpg |
Pavillon? construit par René Dubuisson pour la famille Calliat vers 1895. La façade est ornée de (…)
N° 1149 - jpg
- 600 × 450 pixels
Détails
Crédits |
Photo Antoine Furio © Département de la Seine-Saint-Denis |
Dimensions |
600 × 450 pixels |
Résolution |
0.3 Mpx |
Poids |
48.2 kio |
Date |
16 septembre 2004 |
Fichier |
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De gauche à droite, cour couverte (B), ancien dépôt de tubes (C), entrée de la cour et logement (…)
N° 1030141 - jpg
- 1058 × 595 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
1058 × 595 pixels |
Résolution |
0.6 Mpx |
Poids |
94.8 kio |
Date |
9 avril 2019 |
Fichier |
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Pouchard propose des tubes de sections très variées : rond, rectangulaire, ovale, en étoile...
N° 1030139 - jpg
- 1000 × 668 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
1000 × 668 pixels |
Résolution |
0.7 Mpx |
Poids |
606.3 kio |
Date |
9 juin 2019 |
Fichier |
dsc_2541_s_vgn.jpg |
Vue de la halle de l’atelier de fabrication depuis le square Stalingrad.
N° 1030150 - jpg
- 1054 × 737 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
1054 × 737 pixels |
Résolution |
0.8 Mpx |
Poids |
196.9 kio |
Date |
9 juin 2019 |
Fichier |
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La halle démantelée, seuls subsistent les ponts roulants.
Au premier plan?, le palan d’un pont (…)
N° 1030140 - jpg
- 900 × 635 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 635 pixels |
Résolution |
0.6 Mpx |
Poids |
581.9 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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La façade du pavillon? présente un plan? parfaitement symétrique et une riche ornementation aux (…)
N° 1030142 - jpg
- 1000 × 733 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
1000 × 733 pixels |
Résolution |
0.7 Mpx |
Poids |
665.9 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Détail de la marquise de l’entrée et des médaillons à motifs floraux en façade.
N° 1030143 - jpg
- 1000 × 794 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
1000 × 794 pixels |
Résolution |
0.8 Mpx |
Poids |
709.5 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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N° 1030144 - jpg
- 900 × 621 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 621 pixels |
Résolution |
0.6 Mpx |
Poids |
409.2 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Maintenu plusieurs années après la modernisation d’après-guerre, l’appentis en bois d’origine a (…)
N° 1030145 - jpg
- 900 × 601 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 601 pixels |
Résolution |
0.5 Mpx |
Poids |
534.8 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Détail du sol en mosaïque à l’entrée du pavillon?.
N° 1030146 - jpg
- 900 × 601 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 601 pixels |
Résolution |
0.5 Mpx |
Poids |
642.1 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Détail du niveau rez-de-chaussée? de l’escalier du pavillon?.
N° 1030148 - jpg
- 601 × 900 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
601 × 900 pixels |
Résolution |
0.5 Mpx |
Poids |
472.4 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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N° 1030149 - jpg
- 900 × 704 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 704 pixels |
Résolution |
0.6 Mpx |
Poids |
553.7 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Sous les pans vitrés de la halle d’atelier circulaient plusieurs ponts roulants dont le modèle (…)
N° 1030153 - jpg
- 900 × 635 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 635 pixels |
Résolution |
0.6 Mpx |
Poids |
581.9 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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Système d’aération des ateliers par claire-voie.
N° 1030154 - jpg
- 900 × 601 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 601 pixels |
Résolution |
0.5 Mpx |
Poids |
442.3 kio |
Date |
9 avril 2020 |
Fichier |
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A : pavillon? du directeur ; B : cour couverte ; C : dépôt de tubes ; D : halle d’atelier ; E : (…)
N° 1029470 - jpg
- 630 × 571 pixels
Détails
Crédits |
Antoine Furio (c) Département de la Seine-Saint-Denis |
Dimensions |
630 × 571 pixels |
Résolution |
0.4 Mpx |
Poids |
351 kio |
Date |
9 novembre 2020 |
Fichier |
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Avant leur étirage, les tubes étaient soumis à divers traitements de surface par immersion dans (…)
N° 1030151 - jpg
- 1066 × 691 pixels
Détails
Crédits |
© Photo D. Rodrigues |
Dimensions |
1066 × 691 pixels |
Résolution |
0.7 Mpx |
Poids |
832.9 kio |
Date |
9 mars 2021 |
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Le site conserva plusieurs bancs d’étirage jusqu’en 2000.
N° 1030152 - jpg
- 935 × 744 pixels
Détails
Crédits |
© Photo G. Le Coniat |
Dimensions |
935 × 744 pixels |
Résolution |
0.7 Mpx |
Poids |
590.8 kio |
Date |
9 mars 2021 |
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Détail du plafond à caisson en bois du pavillon?.
N° 1030147 - jpg
- 900 × 601 pixels
Détails
Crédits |
Photo Laurent Kruszyk © Archives municipales de Pantin |
Dimensions |
900 × 601 pixels |
Résolution |
0.5 Mpx |
Poids |
374.6 kio |
Date |
9 avril 2021 |
Fichier |
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