Cristina Gonçalves-Buissart
16 septembre 2020
Archéologue médiéviste, responsable d’opération
Parallèlement à des études en histoire romaine, j’ai intégré l’équipe archéologique du département de la Seine-Saint-Denis en 1995 en tant que bénévole sur l’opération de la ZAC de la Vache-à-l’Aise à Bobigny. Après un DESS sur les métiers de l’archéologie, j’ai poursuivi avec la même équipe comme contractuelle, puis emploi jeune, avant d’être titulaire de catégorie B puis A en 2011. Tout d’abord technicienne, je suis aujourd’hui responsable d’opération pour les périodes du Bas Empire et du Premier Moyen Âge avec un premier chantier à Tremblay-en-France en 2000. Cette fonction consiste en la mise en place administrative et technique des opérations, en lien avec les aménageurs et le service régional de l’archéologie d’Ile-de-France. Le volet scientifique se compose de trois aspects : la fouille des vestiges, parfois ingrate mais passionnante, leur interprétation au regard des études diligentées et des connaissances acquises et la mise en valeur des données auprès des chercheurs et du grand public. Je compte aujourd’hui près de 70 opérations dont huit fouilles. Par ailleurs, mon investissement dans les sites d’occupations rurales médiévales de la commune de Tremblay-en-France m’ont conduit à lancer un projet collectif de recherche sur ce territoire afin de mieux en appréhender l’évolution et d’être à même de la restituer. L’élargissement du du champ professionnel m’amène également à traiter les dossiers d’urbanisme, dans le cadre de l’archéologie préventive, afin de concilier la sauvegarde du patrimoine et l’aménagement du territoire. La boucle est ainsi complète et j’ai cette chance de pouvoir intervenir à tous les niveaux de la chaîne opératoire.
Cristina Gonçalves-Buissart
Archéologue médiéviste, responsable d’opération
Femme et archéologue : retour sur 23 ans de carrière
Cristina, comment en es-tu venue à travailler dans un service territorial d’archéologie ?
Durant mes études, j’ai souhaité acquérir une expérience de terrain et de post-fouille et, fruit? du hasard ou des contextes archéologiques, mes premières expériences ont été menées avec des équipes territoriales. Ces rencontres ont mis en exergue l’importance du service public et la qualité des relations avec les différents publics et partenaires. Ces valeurs m’ont conduit à souhaiter poursuivre avec un service territorial d’archéologie.
Quel regard portes-tu sur l’évolution de ta pratique professionnelle depuis le début de ta carrière ?
Depuis le début de ma carrière, en 1997, le métier d’archéologue a évolué, notamment en collectivité territoriale car les champs d’intervention se sont développés. Un•e responsable d’opération en collectivité territoriale c’est un•e agent•e qui intervient tout au long de la chaîne opératoire, du montage de l’opération à la valorisation des données en passant notamment par la réponse à un appel d’offre, la fouille et la rédaction du rapport. C’est donc un métier complet, diversifié et qui fait appel à de nombreuses compétences. Cette évolution, parfois lourde, n’en est pas moins satisfaisante personnellement car le•la responsable d’opération a connaissance de l’ensemble des données du projet et en est l’acteur•rice principal•e.
L’archéologie est l’un de ces champs d’activité qui se sont considérablement féminisé au cours des trois dernières décennies. Quelles réflexions cette évolution t’inspire-t-elle ?
Si l’archéologie s’est féminisée ces dernières décennies c’est peut-être que les femmes ont pris conscience qu’elles pouvaient assurer physiquement les conditions de fouille mais également assumer les tâches scientifiques et d’encadrement?… en portant un regard peut-être plus bienveillant que les hommes.
Dans un domaine initialement plutôt masculin, les femmes ont su s’approprier les différentes tâches et mettre en avant leurs compétences.
L’archéologie se féminise mais les postes de direction restent très majoritairement occupés par des hommes. Quel est ton avis ?
Si les postes de direction restent majoritairement occupés par des hommes, je ne pense pas que ce soit un effet d’inertie ni de recrutement mais plutôt un choix personnel des femmes. Pour certaines, les postes de direction ne sont pas des postes qui leur conviennent car le contact avec le terrain et la recherche restent primordiaux dans un métier souvent choisi par passion.
Galerie des portraits des femmes du bureau du patrimoine archéologique