Cristina Gonçalves-Buissart, archéologue médiéviste et responsable d’opérations.

4 mars 2022 , par Anaïs Jacquot

CRISTINA
Photo © Emmanuelle Jacquot / BPA / Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

Quelle est ta formation ?
J’ai d’abord fait une licence d’histoire ce qui correspondait à l’époque à 2 ans de DEUG et une année de licence pour ensuite poursuivre avec une maîtrise d’un an en histoire avec pour spécialité l’histoire romaine. Puis, j’ai pris une passerelle qui m’a permis d’effectuer un DESS (master Pro) sur les métiers de l’archéologie de 1 an à Nantes. Ce DESS m’a appris tout ce qu’il fallait savoir sur le métier d’archéologue. On avait 4 mois de cours pour 6 mois de stage.
Aujourd’hui, on peut simplement suivre une licence et un master d’archéologie.

Depuis quand es- tu archéologue ?
J’ai d’abord fait des chantiers d’été puis du bénévolat durant les années 1996/1997 en parallèle de mes études. J’ai ensuite intégré le service archéologique de la collectivité territoriale de Seine-Saint-Denis en 1998 grâce à Emploi-jeune. C’est ainsi que je suis devenue archéologue en octobre 1998.

Pourquoi as-tu choisis de devenir archéologue ?
J’ai un oncle qui vivait au Luxembourg et qui avait près de chez lui une carrière. Alors que je me promenais dans la carrière, j’ai trouvé une mâchoire de cochon que j’ai ramené à la maison et j’ai dit à mes parents : “ je veux faire comme les gens à la télévision”.

Que voulais-tu faire en archéologie ?
Quand j’ai commencé l’archéologie, j’avais un grand intérêt pour le précolombien cependant je ne me voyais pas aller sur place.
D’autre part, ce qui m’intéressait le plus et qui m’intéresse toujours, c’est de travailler sur le terrain.

As-tu eu des déceptions ?
Pas vraiment.
En raison de ma formation en histoire romaine, je me destinais à me spécialiser en archéologie romaine. Cependant, dès mes premières fouilles, je me suis rendu compte que je fouillais beaucoup de premier Moyen-Âge. C’est donc tout naturellement que je me suis concentrée sur le premier Moyen-Âge. Bien que cela soit moins spectaculaire, car on trouve souvent des structures creuses et des mobiliers? moins importants, cette période reste intéressante car elle reste peu étudiée.

Récemment, un aspect administratif s’est ajouté. Cet aspect peut rebuter certaines personnes, en raison de son caractère chronophage et fastidieux, car il se fait au détriment du terrain et du post fouille. Cependant, il offre la chance de pouvoir intervenir à tous les niveaux de la chaîne opératoire.

As- tu rencontré des difficultés parce que tu es une femme ?
Non, que ce soit durant mes études ou les fouilles, il y a toujours eu une bonne entente et un bon encadrement?. Je n’ai jamais reçu de critiques sexistes ou encore misogynes.

Qu’est-ce qu’un responsable de fouille et qu’est ce que ça implique ?
Un responsable de fouille dirige le montage de la fouille, la fouille et son déroulement. Le responsable fait le lien entre l’État et l’aménageur.
Il est désigné par l’État sur la proposition de l’opérateur.
Être responsable de fouille implique, tout d’abord, une connaissance de la période fouillée. Cela implique, également, des compétences d’encadrement. Il faut savoir écouter, intégrer, gérer et parfois, imposer ses choix.

Si tu avais un mot à dire aux futurs archéologues, que dirais-tu ?
Le premier mot qui me vient est persévérance. Comme beaucoup vous diront, il s’agit d’un métier physique mais surtout de passion. Si tu t’accroches, tu peux trouver du travail. Il ne faut pas abandonner dès la première difficulté et il ne faut surtout pas hésiter à discuter et à partager pour s’ouvrir des portes.