Décembre au service du patrimoine culturel

Décembre au service du patrimoine culturel

4 décembre 2020 , par Caroline Hoerni

Activités de recherche et d’inventaire

Le froid s’est installé sur le site archéologique de La Motte, à Bobigny, et les archéologues travaillent d’autant plus énergiquement qu’il faut se réchauffer. Un nouveau puits - un de plus - a été dégagé ces derniers jours. L’équipe vous invite à découvrir le site... depuis le ciel !

  • Coupe d’un puits antique
    Un magnifique puits - un de plus - découvert sur le site de La Motte, vue en coupe.
    Photo © Pauline Susini-Collin / BPA / Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis
  • Relevé de la coupe d’un puits
    Ivan Lafarge et Pauline Susini effectuent le relevé en coupe du puits.
    Photo © Alexandre Michel / BPA / Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

Le diagnostic archéologique entrepris derrière l’église Saint-Pierre-Saint-Paul à Tremblay-en-France le mois dernier a été mené à son terme ; les résultats seront communiqués dès que le rapport d’opération sera validé. En effet, chaque opération archéologique donne obligatoirement lieu à la rédaction d’un rapport, qui en présente les résultats scientifiques, et qui est rendu aux services de l’État. La forme et le contenu de ce rapport sont strictement définis par un arrêté pris en 2004. De nombreux rapports rédigés dans le cadre des opérations menées par le bureau du patrimoine archéologique sont d’ailleurs disponibles sur l’Atlas, tels les rapports de diagnostic et de fouille du site de la rue Jules-Guesde, à Tremblay-en-France. Il s’agit d’une littérature scientifique et très technique, destinée à répertorier toutes les données de la fouille (et, entre nous, la lecture en est passablement indigeste - mais ne le répétez pas à mes collègues "du terrain" !) C’est l’occasion de rappeler qu’un projet collectif de recherche, portant sur l’évolution du terroir de cette commune au Moyen-Âge, est mené par plusieurs archéologues de diverses institutions sous la direction de Cristina Gonçalvès-Buissart.

Du côté de l’inventaire ? la vedette, c’est bien entendu l’inventaire participatif : (En)quête de patrimoine : qui a bâti le Grand Paris ? Malgré le confinement, le service du patrimoine culturel reste connecté avec les habitants et les passionnés de patrimoine de la Seine-Saint-Denis. Je l’ai testé, et je vous le conseille ! On saisit la profondeur historique de sa rue, de son quartier... et c’est plutôt amusant, de musarder le nez en l’air, à la recherche de ces fameuses signatures. En partenariat avec Seine-Saint-Denis Tourisme, nous proposons également un cycle de conférences en ligne sur la plateforme ExploreParis : plusieurs visites virtuelles sont programmées avec les villes partenaires, et notamment leurs services d’archives. Les liens ci-dessous vous permettront de vous y inscrire gratuitement.

STAINS
De la photographie à la carte postale, du Vieux Stains à nos jours : au cours de cette balade urbaine virtuelle, vous découvrirez le Vieux Stains : entre décryptage des façades des maisons, immeubles et hôtels particuliers du début du 19e siècle à aujourd’hui, et évolution du paysage urbain à partir de vieilles cartes postales.
 Samedi 5 décembre à 15h

MONTFERMEIL
À la découverte des belles demeures de Montfermeil :
Redécouvrez les quartiers du centre historique et de Franceville à travers une visite en ligne. Déambulez virtuellement à travers les rues de Montfermeil et observez la ville sous un tout nouvel angle : celui de l’architecture. Au cours de cette balade urbaine, découvrez la Maison dite de Bourlon, la maison du Notaire ou encore le Château des Cèdres. Vous passez peut-être tous les jours devant ces bâtiments, mais connaissez-vous bien leur histoire ?
 Lundi 14 décembre, 11h
 Lundi 21 décembre, 18h

ÉPINAY-SUR-SEINE
À la découverte de l’architecture spinassienne : Une balade urbaine virtuelle à travers les rues et quartiers d’Epinay du début du 20e siècle à aujourd’hui : découvrez la ville et de son histoire à travers de nombreuses photographies et cartes postales, anecdotes, et surtout apprenez à lire les façades de nombreux bâtiments et bâtisses croisés durant notre programme? !
 Mercredi 9 décembre,11h
 Samedi 12 décembre, 15h
 Mercredi 16 décembre, 18h30
 Mercredi 23 décembre, 17h

SEINE-SAINT-DENIS :
(En)quête de patrimoine : qui a bâti le Grand Paris ? Une enquête dont vous êtes le héros : Architectes, entrepreneurs, sculpteurs ont contribué à construire les quartiers et les villes que vous habitez ou traversez. Leurs signatures, témoins de leur intervention, se présentent sous différentes formes : gravées dans la pierre au-dessus d’une porte, écrites sur une plaque d’un pavillon?, d’une façade de bâtiment, discrètes ou au contraire bien visibles... A la fois présentation des premières informations collectées et découverte du site internet permettant de réunir ces données, cette conférence vous amènera à vous mettre dans la peau d’un enquêteur. Muni des astuces d’un chargé d’inventaire du patrimoine, vous pourrez contribuer à cette grande collecte patrimoniale sur votre territoire.
 Mardi 22 décembre à 15h

Le choix de Mathilde

Mathilde Leclair est apprentie au bureau du patrimoine contemporain, où elle va se former durant un an, en alternance, auprès de nos collègues chargés de l’inventaire du patrimoine architectural et urbain actuel. Chaque mois, elle nous propose une sélection de trois des 130 collèges séquano-dyonisien, remarquables par leur architecture ou leur environnement. Aujourd’hui, elle a choisi des collèges très différents les uns des autres, et portant le nom de trois femmes exceptionnelles : le collège Joséphine Baker à Saint-Ouen, édifié en 1901, dont l’architecture rationalisée, rigoureusement organisée, est caractéristique des écoles "Jules Ferry" ; le collège Marie Curie aux Lilas, livré en 1975,qui marque l’assouplissement de l’architecture des collèges industrialisés à partir des années 1970 ; enfin, le collège Lucie Aubrac à Livry-Gargan, très récent (2008) avec son architecture pavillonnaire, végétale et lumineuse.

Aucun patrimoine

Le coup de coeur du mois ? Les mammouths sont à nos portes !

Winter is coming. Doucement, mais sûrement. N’est-pas le moment idéal pour parler mammouths, ces grosses bêtes laineuses qui parcouraient les steppes froides des temps glaciaires ? D’autant plus que des restes de mammouths ont été mis au jour cet automne à Clichy-la-Garenne, en pleine ville (92) ! Une découverte inattendue, dans l’ancien lit de la Seine. Découvrir un mammouth - ne serait-ce que des fragments d’os - est toujours un moment exceptionnel... Les archéologues de l’Inrap Sophie Clément et Grégory Bayle présentaient cette fouille le 28 novembre dernier, dans l’émission Carbone 14 :

lien direct vers le son

Depuis près de 100 ans, des ossements de mammouths sont découverts en Île-de-France - le plus célèbre est le mammouth Helmut, qui était en fait deux mammouths, retrouvés sur les berges de la Marne à Changis-sur-Marne (77). Faisons un grand saut dans le temps, remontons à... 100 000 ans en arrière, c’est le Paléolithique. Il fait froid, très froid, et pour cause : nous sommes en pleine ère glaciaire - plus précisément au dernier cycle glaciaire qu’ait connu l’Europe, appelé le Weichsélien. Des troupeaux de mammouths laineux - parmi d’autres espèces animales - peuplent la plaine parisienne, qui ressemble alors à une immense prairie steppique, couverte d’herbes et de graminées, d’arbustes et de rares arbres espacés... mais il y a 12 000 ans environ, tout cela change : le climat se réchauffe, la végétation herbacée laisse place aux forêts tempérées. On entre dans l’Holocène?, l’intervalle de climat chaud que nous connaissons actuellement. Les mammouths ne sont pas adaptés à ce nouveau milieu ; eux qui se nourrissent d’herbes steppiques et gambadent dans de vastes espaces dégagés - et non dans des forêts toutes encombrées d’arbres - ils disparaissent, progressivement, de la surface de la Terre. Ces mammouths, à quoi ressemblaient-ils ? Que mangeaient-ils ? Les hommes et les femmes préhistoriques le chassaient-ils ? ... Autant de questions auxquelles les archéologues peuvent désormais répondre ! Embarquez avec Marylène Patou-Mathis pour une courte échappée au pays des mammouths !

lien direct vers le son
Dans cette grande prairie parisienne, il y avait des mammouths laineux, des rhinocéros laineux, des ours des cavernes etc. - ces animaux que l’on qualifient de mégafaune, ou faune géante - mais aussi des cerfs, bisons, des chevaux, des loups, des renards ... et des humains ! Les premiers humains à avoir fréquenté les mammouths, en Europe, sont les Néandertaliens. Des silex taillés par les hommes et les femmes de Néandertal ont d’ailleurs été mis au jour sur le site de Clichy-la-Garenne ! A propos de Néandertal, notre collègue Guillaume Huitorel vous recommande tout particulièrement le visionnage d’un excellent documentaire, Le mystère de la grotte de Bruniquel, disponible sur Arte jusqu’au 9 janvier 2021.

Nous vous souhaitons de belles découvertes !