Diagnostic archéologique à la Courneuve, parc départemental des sports de Marville
4 juin 2021 , par ,
Une opération de diagnostic archéologique a été réalisé par le Bureau du patrimoine archéologique, sous la direction de Pauline Susini-Collin, à l’automne 2019 dans l’enceinte du parc départemental des sports de Marville à La Courneuve. Les terrains explorés sont destinés à la construction de la future piscine, projet mené dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, sous la maîtrise d’ouvrage du Département de la Seine-Saint-Denis. Le diagnostic réalisé a permis de mettre au jour soixante-douze structures archéologiques datant de la Protohistoire, de l’Antiquité, du haut et bas Moyen-Âge et de l’époque moderne à contemporaine.

Conclusions du diagnostic
Outre la présence d’un silex taillé, mince témoin d’une fréquentation ancienne des lieux, il a été mis en évidence une occupation à la Protohistoire ancienne à travers un ensemble de fosses et de fossés, qui nous ont fortement questionnés : le “fossé” d’axe nord-sud n’est pas très bien caractérisé au nord et le “fossé” d’axe est-ouest est très évasé. On pourrait donc en conclure être en présence de dépressions naturelles en partie comblées par des apports anthropiques. Mais a contrario, l’intersection de ces deux fossés forme un angle droit et leur origine anthropique semble donc plausible tout en n’excluant pas une reprise des mouvements de terrain naturels.
Le pendage actuel très régulier du terrain pourrait masquer une microtopographie ancienne plus irrégulière, plus contrastée, comprenant de légères éminences et des zones basses qui auraient été nivelées par colluvionnement aux époques historiques, voir dès La Tène. On pourrait ainsi imaginer que les « fossés » mis en évidence lors du diagnostic venaient alimenter une zone basse aujourd’hui comblée située à l’est de l’emprise du diagnostic.
Une phase d’occupation antique a été identifiée, basée sur la présence de deux tessons de céramique? dans une fosse. Une grande incertitude subsiste donc quand à cette datation et nous ne pouvons absolument pas exclure la présence de ces éléments céramique en position résiduelle dans une structure? postérieure bien qu’une occupation à proximité de l’emprise ne serait pas étonnante compte-tenu du riche contexte antique du secteur.
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Fouille de la tranchée 1, sous la surveillance de Pauline Susini-CollinPhoto © Adonis Jeannès / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019
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Coupe d’un fossé dans la tranchée 6 : traces d’incendies visiblesPhoto © Cristina Gonçalvès-Buissart / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019
Une sépulture a été mise au jour dans une des tranchées. L’individu est un adulte, dont le sexe n’a pu être déterminé en raison de la très mauvaise conservation des ossements. Un effet de contention au niveau du thorax permet d’envisager qu’il portait un vêtement ou qu’il était emmailloté dans un linge souple. En l’absence de mobilier associé dans la sépulture, les ossements ont fait l’objet d’une datation radiocarbone, établissant une fourchette de datation avec une probabilité de 95,4 % entre 642 et 764 ap. J.-C.
La villa de Merville appartenant à l’abbaye de Saint-Denis est attestée dans le secteur dès le IXe siècle mais aucune donnée archéologique n’a permis d’en appréhender, jusqu’à présent, la forme ou la localisation. Dans ce contexte, la sépulture mise au jour pourrait être le premier témoin d’un habitat associé à cette villa dans la configuration, classique durant le haut Moyen Âge, où des sépultures en petit nombre se trouvent dans l’emprise ou à proximité immédiate des aires d’habitat.
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Une sépulture médiévale découverte dans la tranchée n°9Photo © Adonis Jeannès / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019
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.Photo © Adonis Jeannès / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019
Enfin, les structures médiévales et modernes mises en évidence sur le terrain évoquent des espaces de jardins et sont de ce fait en cohérence avec ce que suggère l’iconographie du XVIIIe et du début du XIXe siècle : un espace en culture, l’absence de vestiges et des fosses de plantation. On complète ces données avec deux dessins de la ferme de Champtourterelle (datés de 1824 et 1827) qui montrent un environnement arboré avec notamment les alignements d’arbres de l’allée menant à l’entrée de la ferme.
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La ferme de Champtourterelle en 1827, gravure anonyme
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La ferme de Champtourterelle en 1824, gravure anonyme
Compte-tenu de ces résultats particulièrement intéressants, une fouille d’archéologie préventive? a été prescrite par les services de l’Etat. Elle sera menée par le Bureau du patrimoine archéologique à partir de mi-juin 2021.

Rapport d’opération
Consultez ou téléchargez ci-dessous le rapport de diagnostic archéologique
