Ensemble de logements Castor, Cité du Commandant Louis Bouchet
Cité du Commandant Louis Bouchet
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La Cité du commandant Louis Bouchet, située de part et d’autre de la rue Jules-Guesde et à proximité de l’école de l’Est et du stade Jean-Bouin, est exceptionnelle par le nombre de pavillons construits. Réalisés selon la formule « Castor » permettant aux familles par leur apport-travail de réduire leur apport financier, ils comprennent 81 maisons et un immeuble collectif. Ils sont implantés, pour une grande partie, au sud du plateau de Montfermeil et forment, dans le paysage gabinien, un ensemble architectural et urbain d’une grande cohérence et, parmi les opérations Castors recensées en Seine-Saint-Denis, d’une grande qualité (procédé de construction, volumétrie?). Enfin, cet ensemble est la première réalisation de l’Union des Castors des Professions du Transport de la Région Parisienne (UCPTRP).
Contrairement à l’autre opération « Castor » à Gagny (Cité Castors des 22 arpents), la Cité Louis Bouchet est à l’initiative de l’Union des Castors des Professions du Transport de la Région Parisienne (UCPTRP). Cette Société Anonyme Coopérative à personnel et capital variables a été créée en février 1953 par Mme Madeleine Bouchet, assistante sociale de la Régie Autonome des Transports de la Région Parisienne et Veuve du Commandant Louis Bouchet. Ce dernier, chef de groupe des Résistants du Métro, fusillé par les Allemands en 1944, est une figure emblématique de la résistance des employés du transport parisien. Afin de trouver une solution à la crise du logement d’après-guerre qui touche notamment les agents de la RATP aux revenus modestes, le groupement des Anciens Combattant de la RATP décide d’adopter la formule « Castor » pour y remédier. Le recours à l’apport-travail comme moyen de construire sa maison est en effet particulièrement adapté aux ressources financières des agents et l’accès à la propriété considéré comme un progrès social. Mme Bouchet, entourée de personnes détachées de la RATP, met tout en œuvre pour favoriser la construction de nombreux ensembles de logements en région parisienne. La Cité Louis Bouchet est le premier d’une longue série.
Constitué en Union des Castors des Professions du Transport de la Région Parisienne à partir de septembre 1952, les premières adhésions affluent (45) et culminent déjà à 2 110 en décembre 1952. Si la majorité des adhérents sont des agents de la RATP, on compte également des employés d’EDF, météorologie, SNCF ou encore Gaz de France [6]. Devant le nombre important de demandes, l’UCPTRP décide de lancer rapidement une première opération. Le 10 décembre 1952 a lieu la pose de la première pierre de la future Cité Louis Bouchet. Quatre tranches se succèdent entre 1953 et 1957 et les premiers logements sont livrés en octobre 1955.
Si la pose de la première pierre se déroule à l’hiver 1952, le chantier de la première tranche ne démarre cependant réellement que le 15 février 1953. Il concerne 17 pavillons [7] implantés sur un terrain en pente, acquis par l’UCPTRP en bordure du chemin de Montguichet.
En juin 1953, s’ouvre la 2eme tranche, de 35 familles logées dans 18 pavillons et un immeuble collectif de 16 appartements. Elle est cette fois située de l’autre côté de la Route Nationale (avenue Jules-Guesde) et de la voie de chemin de fer. Les maisons sont réservées aux familles choisies parmi les plus démunies (expulsions en cours, taudis, densité d’occupation, …), mais aussi parmi les Gabiniens.
En 1955, le 3eme permis de construire est délivré pour la construction de 26 pavillons (rues Louis Bouchet, Henri Trouvé, Guyon père et fils), tandis que la 4e et dernière tranche est à l’étude. Elle porte sur 25 maisons implantées de part et d’autre du sentier des Trous de Chelles et est délimitée au sud par l’actuelle rue Louis-Bouchet.
Ce programme? en plusieurs tranches résulte de l’acquisition progressive des terrains par l’UCPTRP pour atteindre une superficie de près de 40 000 m².
Bien que la construction des différentes habitations et rues soit le résultat du travail sans relâche des futurs propriétaires, le plan masse? et le chantier sont dirigés par un architecte pour éviter les malfaçons. Chaque Castor doit travailler 2000 heures au total (600 heures annuellement), donner un apport de 1000 NF et contracter un prêt de 10 000 NF à rembourser sur 20 ans [8].
Les pavillons sont, dans la mesure du possible, orientés sud pour profiter au mieux de la lumière et de la chaleur. Composés en majorité de T5 avec RDC? surélevé et étage (avec ou sans garage), les pavillons sont complétés, lors de la 3eme tranche, par des T3 à rez-de-chaussée surélevé et T4 à rez-de-chaussée. Les plans sont dressés par le service technique de l’UCPTRP sous la direction de Maurice Cros, architecte détaché de la RATP. Le choix du procédé constructif semble résulter d’un cahier des charges qui stipulait une mise en œuvre à sec afin de tenir compte de la réalité des chantiers dépourvus de canalisation et donc d’accès à l’eau. Les pavillons sont ainsi réalisés selon le procédé « MONT » de l’entreprise Frameco [9]. Un devis descriptif fait également référence au procédé Alpha et à des pavillons type « GAGNY ».
Le procédé agréé « MONT » se caractérise par l’utilisation simple de quatre types différents de blocs (bloc normal, d’ancrage, d’angle et enfin d’encadrement? et de chainage d’une hauteur de 0,22 m) et leur montage à sec. Les murs extérieurs en élévation et de refend? sont constitués de blocs composés d’un aggloméré de ciment vibré. Ils sont organisés dans le plan? horizontal de deux voiles de blocs normaux, la première assise par des blocs de pleine hauteur à l’extérieur et de demi hauteur à l’intérieur afin de pouvoir ensuite s’enchevêtrer, le mur se montant ensuite à sec. Les arêtes verticales sont, quant à elle, faites de blocs d’angle montés à sec puis garnis de béton armé? de trois fers ronds de 0, 012 m. Enfin, les blocs d’encadrement sont utilisés pour les jambages d’ouverture, les linteaux et les chainages et garnis de béton armé complétés - pour le premier - par deux fers. À l’intérieur, les revêtements sont en Panolac, panneau de revêtement en bois émaillé, tandis qu’au sol, du parquet est posé dans les pièces habitables et le procédé Linopat (sol coulé sans joint à base de résine synthétique, de plastifiants) est utilisé pour les WC, la salle de bain, la cuisine et les dégagements. Enfin, les pièces d’eaux sont toutes équipées (évier, lavabo, cuvette) et le chauffage est à air chaud pulsé système « Nossi ».
Le 12 juin 1955, cette Cité est inaugurée sous la présidence du général Gouverneur des Invalides, de Mme Bouchet et de nombreuses personnalités. Y assistent notamment une délégation de FFI et une délégation de la municipalité d’Épinay où, au même moment, l’UCPTRP mène un autre chantier Castors (Cité Fernand-Flaujac) [10]. Le nom de Louis Bouchet est donné à cet ensemble de logements, ainsi qu’au groupe devenant Société Anonyme coopérative des Castors de Gagny des Transports Parisiens, groupe « Commandant Louis Bouchet ». Un monument est à cette occasion élevé et des noms de résistants, membres des FFI et dont certains sont Gabiniens (Jean Blin et Louis Trouvé), sont attribués aux rues nouvellement créées.
Illustrations
Gagny ; Ensemble de logements Castors, Cité du Commandant Louis Bouchet - maison F4
Crédits | Photo Guy Bréhinier © Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
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Dimensions | 1024 × 683 pixels |
Résolution | 0.7 Mpx |
Poids | 302.2 kio |
Date | 9 octobre 2018 |
Fichier | bdimg_0058__2016_04_07_15_29_22_utc_.jpg |
Gagny ; Ensemble de logements Castors, Cité du Commandant Louis Bouchet - maison à RDC
Crédits | Photo Guy Bréhinier © Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
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Dimensions | 1024 × 661 pixels |
Résolution | 0.7 Mpx |
Poids | 321.3 kio |
Date | 9 octobre 2018 |
Fichier | bdimg_0066__2016_04_07_15_29_22_utc_.jpg |
Gagny ; Ensemble de logements Castors, Cité du Commandant Louis Bouchet
Crédits | Photo Guy Bréhinier © Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
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Dimensions | 1024 × 683 pixels |
Résolution | 0.7 Mpx |
Poids | 348.8 kio |
Date | 9 octobre 2018 |
Fichier | bdimg_0082b__2016_04_07_15_29_22_utc_.jpg |
Gagny ; Ensemble de logements Castors, Cité du Commandant Louis Bouchet
Crédits | Photo Guy Bréhinier © Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
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Dimensions | 1024 × 683 pixels |
Résolution | 0.7 Mpx |
Poids | 401.7 kio |
Date | 9 octobre 2018 |
Fichier | bdimg_0088__2016_04_07_15_29_22_utc_.jpg |
128,130,132,134 rue Jules Guesde ; 1-25 (numéro pair) chemin de Montguichet ; 3,9,11,13-16,18,20,24 rue Henri Rochette ; 2,4,6 rue Jean Blin ; 1-10,12,14,16 rue Louis Bouchet ; 1-10 rue Guyon Père et Fils ; 1,3,5,7 rue Louis Trouvé et 1-6 rue Ulysse Benne