Episode 9 : Il était une fois dans la forêt..
17 mars 2023 , par
Le soleil commence à se coucher. Assis dans la Dacia Duster, Pascal, Kévin, le capitaine Lefebvre et moi-même attendons patiemment les véhicules des collègues dans lesquels, Patrick, Alizée, Jean, Debborah et Rémy prennent également leur mal en patience. Comme constaté cinq personnes manquent à l’appel. Ustenza et son équipe sont chargés de les récupérer et de les amener ici dans les plus brefs délais. Grâce aux connaissances de Kévin et aux données que nous avons recueillies depuis plusieurs jours, nous avons pu établir une carte géographique, nous permettant une lecture simple et appropriée des temples gallo-romains corrélés au réseau routier francilien.
Il est bientôt 20h et nous n’apercevons plus rien dans cette forêt située à une trentaine de minutes d’Epinay. Le stress monte, l’atmosphère est tendue, ma jambe tremblotte seule et le froid hivernal me rappelle à quel point la frilosité est mon talon d’Achille. Ma sensibilité au froid me paralyse et s’associe à la crispation collective. Quatre véhicules de police ont été réquisitionnés pour mener à bien l’opération camouflage et six véhicules de secours sont en place sur un sentier situé à trois kilomètres des lieux.
A cet instant, plusieurs questions me traversent l’esprit : Sommes-nous au bon endroit ? Allons-nous trouver les restes d’un temple gallo-romain ? Sommes-nous grillés ? Le ravisseur est-il bien celui que je crois être ?
Soudain, je reçois un appel téléphonique d’Ustenza.
« - Guillaume, nous sommes allés chercher le dénommé Théo chez lui, il semble être celui que nous recherchions. Il présente des coups au visage et arrive à peine à se tenir debout. Il se décrit comme étant archéologue, spécialisé dans la médiation culturelle et la valorisation, il serait passionné d’herméneutique. Il m’a dit qu’il existait un mystère qui s’articulait autour de la narration, et que la vérité serait bientôt dévoilée, que la transgression permettait la subversion et qu’il était en train de te manipuler Guillaume. Je ne comprends rien de ce qu’il raconte. J’ai l’impression qu’il est complètement à l’Ouest.
- Non, il n’est pas à l’Ouest.. répliquais-je dans la foulée. Ils sont venus l’agresser chez lui et le font chanter. Votre conversation est probablement enregistrée, vérifiez les pièces de la maison, des micros ont très certainement été installés.
- Les gars, vérifiez toutes les pièces et si micros il y a , débranchez-les ! Guillaume, j’oubliais. Cet homme m’a dit qu’il est en train d’écrire, en ce moment, des chroniques policières visant à présenter les membres de son équipe. Il s’agirait d’une série traitant d’une épée perdue.
- C’est un leurre Ustenza, ne l’écoutez pas.. Je vous ai mis sur haut-parleur, poursuivez.
- Après cela, il m’a donné une série de chiffres : 14.5.700.15.33.14.45.
- Kévin, à votre avis, que veulent-ils dire ? Je m’adresse à celui qui est probablement le plus apte à comprendre cet enchaînement.
- Je pense que c’est un code alphanumérique, laissez-moi quelques minutes, me dit-il concentré sur son smartphone pliable de dernière génération.
- Guillaume, nous l’emmenons avec nous et nous nous chargeons du reste..
Soudainement, une ombre passe à une dizaine de mètres de notre véhicule. Le flash lumineux du téléphone de l’individu n’éclaire qu’une petite zone, toutefois nous distinguons une carrure masculine. Il a très certainement été convié au spectacle. L’heure a enfin sonné, nous allons pouvoir observer ces criminels en plein exercice. Je décide de sortir de la voiture, je ferme la porte sans la claquer et m’approche de la personne en toute discrétion jusqu’à ce que je lui saute au cou et lui pose ma main sur sa bouche afin d’éviter qu’il ne hurle.
- Chut… restez calme et tout se passera bien. Ne jouez pas au plus malin, une vingtaine de policiers attendent patiemment que les hostilités commencent.
- Hm.. mais de quoi vous parlez ? Lâchez-moi..
Il se débat, s’ensuivent quelques bousculades et se retrouve nez à nez devant moi. Il s’agit de l’archéologue Romaric.
- Mais que faites-vous ici ? Lui demandais-je. Et surtout n’envisagez pas une seule seconde de vous foutre de moi. De plus, vous tombez à pic, j’ai longuement cherché à m’entretenir avec vous et vous avez, à chaque fois, décliné les entretiens.
Une fois ce conciliabule terminé, je le fais rentrer dans le véhicule et m’apprête à l’écouter. Romaric semble être abasourdi, abruti par ce qu’il venait de lui arriver. Je lui tends une feuille, il prend quelques minutes à la lire et me dit :
- Je n’étais absolument pas au courant de cela. C’est Aurélia qui m’a demandé de venir ici, car elle a besoin de données géoarchéologiques. Elle m’a dit qu’elle a une troupe avec laquelle elle réalise des événements costumés et pratique l’archéologie expérimentale. En tant que gentil collègue, je lui ai proposé mon aide. Elle était censée me rejoindre ici. Actuellement, nous fouillons tous les deux à la basilique Saint-Denis, nous avons donc longuement discuté, elle et moi, de la géoarchéo. C’est à cette occasion qu’elle m’a gentiment invité à participer à l’aventure.
- Et qu’est-ce que la géoarchéologie ? Il fallait absolument que je comprenne cette discipline qui m’est totalement étrangère pour saisir l’importance de sa venue.
- C’est une discipline qui consiste à prendre en compte des données géologiques avec l’étude du sol afin d’obtenir un contexte stratigraphique. L’objectif est de pouvoir déterminer la formation des différents niveaux de sol, de les associer à l’étude taphonomique pour mieux comprendre les perturbations, si elles existent, et dans quelles mesures ont-elles un impact sur le mobilier ou les structures architecturales.
- Je ne crois pas avoir tout saisi, pourriez-vous aller au plus simple ? Lui demandais-je.
- En d’autres termes, elle est une discipline qui s’est développée dans les années 90 dans le but d’appréhender l’impact des sociétés du passé dans la transformation des sols et de leur environnement. En fait j’ai ramené avec moi, un drone sur lequel est installé un laser LIDAR (light detection and ranging) qui va me permettre de calculer le temps vol, c’est-à-dire le délai entre l’émission et la réception du laser par impulsion. Il y aurait des enclos gallo-romains dans ce périmètre et des études préventives avaient permis d’exhumer et d’identifier du mobilier de cette période. De plus, Aurélia souhaitait que je mette mes connaissances à profit de son groupe de reconstitution pour le creusement d’un trou. Mais j’ignore les raisons…
- Pardonnez-moi messieurs de vous couper dans la conversation, je viens de finir de traduire la série numérique, réplique Kévin. Il s’agit en réalité d’un code alphabet numéroté. Voici ce que j’ai obtenu :
’N.E.700.O.33.N.45’.
Nous ne sommes probablement pas au bon endroit M.Cartier.. me dit Kévin en rationalisant.
Le téléphone sonne à nouveau, c’est Ustenza..
- C’est moi, nous avons les deux autres.
- Très bien je vous envoie les données fraîchement traduites via le télégramme. Rejoignez-nous. Dorénavant Messieurs, nous allons devoir progresser à pied jusqu’au nouveau lieu de rendez-vous.. »
NB : Cette œuvre est une œuvre de fiction.