Etude, rue de Merlan
rue de Merlan
Les typologies des édifices ruraux de la rue de Merlan sont le reflet de l’évolution de la production agricole de ce secteur du territoire de Noisy-le-Sec. Deux grandes structures d’unité rurale se détachent. L’unité dite "fermée" comprenant les maisons sur rue à façades jointives qui donnent accès à l’arrière, par une porte charretière dans l’oeuvre, à une cour privée délimitée en fond de parcelle par un bâtiment agricole annexe, généralement une ancienne grange. L’autre schéma d’implantation qui se détache regroupe des unités aux plans variés comprenant plusieurs habitations de taille modeste longeant une vaste cour commune ; la cour est ensuite ouverte, au fond, sur les parcelles qui contenaient autrefois les cultures.
De façon générale, comme l’atteste l’état de recensement des populations au cours du XIXe siècle, la rue de Merlan est représentative d’une activité agricole organisée en petites structures autonomes et familiales ne faisant que ponctuellement appel à une main d’œuvre ouvrière, généralement bourguignonne, lors des saisons de récoltes. Par ailleurs, ces unités ne sont pas adaptées à un stockage massif de denrées : la grange, quand elle existe, peut contenir l’équivalent du fourrage annuel pour une bête de trait, mais guère plus. Les écuries, porcheries ou même poulaillers sont relativement rares et ne servent qu’a la seule consommation familiale. Cependant, il convient de rester prudent sur l’analyse de ce types de petits édifices annexes, rarement mentionnés dans les matrices cadastrales et facilement détruits surtout au cours du XXe siècle.
A partir des années 1830-1850 la culture légumière remplace peu à peu toutes les autres activités agricoles dans la plaine noiséenne. Comme dans les hauteurs limitrophes de Romainville où la vigne disparaît au profit des vergers, les productions céréalières sont supplantées par le maraîchage. Cette évolution explique en grande partie la typologie? du bâti rural de la rue de Merlan. Les spécialités noiséennes doivent être rapidement vendues sur les marchés locaux ou parisiens. Une fois la cueillette terminée, les récoltes sont chargées sur les tombereaux, tirés par un cheval de type Percheron ou Boulonnais, et, dans la nuit, le chargement est transporté sur les marchés, déchargé et vendu. Le stockage sur place dans l’exploitation est donc rare. Les pièces non habitées d’une unité rurale, les greniers ou caves, ou les hangars, servent au nettoyage des légumes, à l’entrepôt des outils et des paniers.