Évolution de l'habitat à Tremblay-en-France : l'exemple du site de l'Indivision Popot

Évolution de l’habitat à Tremblay-en-France : l’exemple du site de l’Indivision Popot

19 juin 2020 , par Cristina Gonçalves-Buissart

Fouillé en 2017, le site de l’indivision Popot à Tremblay-en-France se divise en deux secteurs : une zone de structures excavées (en creux) et une autre, en front de rue (sur la route de Roissy), avec une forte densité de maçonneries (des murs). Il est révélateur de l’évolution de l’habitat.

Vue générale du site "Indivision Popot" à Tremblay-en-France
On distingue le fond de parcelle avec des structures excavées et le bâti en front de rue.
Photo @ Emmanuelle Jacquot, BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

Les vestiges du haut Moyen-Âge et du Moyen-Âge : une occupation rurale

Les structures excavées des Ve-Xe siècles sont peu nombreuses (fosses et silos) et fonctionnent avec celles découvertes en 2010 sur les terrains voisins où a été identifié un habitat rural. Pour les XIe-XIIe siècles, les vestiges sont plus importants et cette phase semble marquer un tournant avec l’abandon progressif du fond de parcelle.

Indivision Popot - l’occupation au haut Moyen Âge et au Moyen Âge.
Dessin @ Nicolas Latsanopoulos et Cristina Gonçalves-Buissart / BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

L’installation d’ une maison bloc au Bas Moyen-Âge

L’occupation se poursuit au bas Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) avec quelques structures, dont deux puits et des murs.

Puits POP257
Ce puits présente un diamètre, à l’ouverture, de 160 cm, pour une profondeur de 250 cm. Il est doté d’un conduit maçonné, de profil en entonnoir, réalisé en moellons de gypse et calcaire liés au plâtre avec un enduit interne en plâtre.
Plusieurs comblements attestent de l’abandon du puits avec de nombreux matériaux de construction et un corpus céramique? ? de 49 tessons permettant une attribution chronologique aux XIIIe-XIVe siècles.
Photo @ Emmanuelle Jacquot, BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

Aux XIVe-XVe siècles, s’installe un premier bâtiment grossièrement orienté est-ouest avec un pignon? sur l’actuelle route de Roissy et se développe certainement en mêlant la structure? bois à la structure maçonnée. L’organisation des pièces reste difficile à mettre en évidence. Il s’agit probablement d’une « maison bloc », un bâtiment unique tout se trouve sous le même toit ; c’est la maison d’un petit ou moyen cultivateur.

Indivision Popot - l’occupation au Bas Moyen Âge.
Dessin @ Nicolas Latsanopoulos, Cristina Gonçalves-Buissart, Ivan Lafarge / BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

Les transformations du bâti à la période moderne

A la période moderne, tous les vestiges sont regroupés en partie est du site, en front de rue. Les structures excavées se limitent à deux puits, six fosses, une tranchée et une structure de combustion. On observe également une inhumation.

Inhumation POP615
Le squelette est celui d’un homme adulte (plus de 25 ans) inhumé en linceul avec tête à l’ouest et bras croisés sur l’abdomen. Malgré l’absence d’éléments de datation, ses caractéristiques l’apparente aux sépultures du Moyen Âge.
Photo @ Emmanuelle Jacquot, BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

Cette période est marquée surtout par deux phases de construction. Tout d’abord, probablement vers le milieu du XVIe siècle, l’existant est conservé et les pièces d’habitat sont réaménagées avec la mise en place d’un étage.

Indivision Popot - l’occupation à l’époque moderne : la phase 3 du bâti
Dessin @ Nicolas Latsanopoulos, Cristina Gonçalves-Buissart et Ivan Lafarge / BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

Dans un second temps, plusieurs pièces sont aménagées et munies de sols construits. Puis, au XVIIe siècle, on observe sur cette maison bloc la mise en place de plusieurs agrandissements correspondant probablement à la création d’une cour avec plusieurs bâtiments annexes que l’on n’est pas en mesure de caractériser davantage.

Indivision Popot - l’occupation à l’époque moderne : la phase 4 du bâti.
Dessin @ Nicolas Latsanopoulos, Cristina Gonçalves-Buissart et Ivan Lafarge / BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

En partie centrale, on observe la mise en place d’une soue à cochon (auges et sols).

Soue à cochon - Indivision Popot à Tremblay-en-France
Les mangeoires ou auges présentent une forme rectangulaire (60x18x20 cm pour l’une, 76x18x7 cm pour l’autre).
Photo @ Emmanuelle Jacquot, BPA / Département de la Seine-Saint-Denis

D’une maison-bloc, le site semble évoluer vers une maison à cour fermée, c’est-à-dire une habitation et bâtiments ruraux qui délimitent une cour intérieure. Cet type de maison est généralement localisée dans les zones de grande culture comme les plaines d’Île-de-France.