Février au service du patrimoine culturel

Février au service du patrimoine culturel

9 février 2021 , par Caroline Hoerni

L’actualité archéologique

Le bureau connaît à partir de ce début de mois un surcroît d’activité : deux opérations de diagnostic démarrent. La première opération a lieu à Gagny, sous la direction de Pauline Susini-Collin, préalablement au creusement du bassin de rétention des eaux pluviales du ru Saint-Baudile (un ancien affluent de la Marne), aménagé par le Département afin de limiter le risque d’inondations dans le cadre d’un plan? d’investissement plus global pour l’aménagement du territoire ; cette zone est archéologiquement mal connue, et on peut s’attendre à des découvertes allant du paléolithique au Haut-Moyen-Âge, mais il est également possible que le diagnostic se révèle négatif (c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de vestiges).

  • Gagny, un arc-en-ciel sur le diagnostic, le 3 février
    Photo © Pauline Susini-Collin / Département de la Seine-Saint-Denis, 2021
  • Tranchée 1
    La tranchée 2 inondée à cause des pluies diluviennes et de la remontée de la nappe phréatique.
  • Tranchée de diagnostic à Gagny, le 5 février
    Photo © Pauline Susini-Collin / Département de la Seine-Saint-Denis, 2021

Le second diagnostic se déroule dans le parc départemental des stades de La Motte, sur une surface d’environ 2 hectares mitoyenne de la fouille actuellement en cours : cette opération visera à déterminer la densité des vestiges d’époques gauloise et romaine, dans la continuité des occupations anciennes mises en évidence à La Motte et au niveau de l’hôpital Avicenne. C’est là que sera construit l’HandiLab, un lieu polyvalent inspiré des fablabs et des incubateurs de start-ups, accessible aux personnes handicapées ; pour mémoire, la fouille actuelle dite de La Motte précède l’aménagement du Prisme, un équipement dédié à la pratique universelle du sport, de loisirs et de haut-niveau, prenant en compte l’ensemble des handicaps, et intégrant un pôle de recherche.

Les fouilles se poursuivent sur le site de La Motte, mais cette phase de terrain devrait s’achever prochainement. Les gros engins mécaniques sont donc de retour, pour permettre un décapage rapide des surfaces qui restent à fouiller.

  • Décapage mécanique sur le chantier de La Motte, le 5 février
    Photo © Caroline Hoerni / Département de la Seine-Saint-Denis, 2021

Du côté de l’inventaire du patrimoine contemporain

(En)quête de patrimoine s’enrichit ! Tout est précisé dans le second volet des découvertes du mois : 700 signatures ont été relevées depuis l’ouverture de cette enquête participative ; des explications sont données sur le sens des acronymes accompagnant le nom des architectes (par exemple, D.P.L.G. qui revient fréquemment), ainsi que les prochaines balades virtuelles. Ces visio sont gratuites, n’oubliez pas de vous inscrire sur le site ExploreParis : le mercredi 10 février, À la découverte des grandes demeures de Montfermeil ! ; enfin le samedi 17 février, Voyage spinassien dans le quartier du Cygne d’Enghien.

Par ailleurs, en lien avec la publication de l’ouvrage Architectures en Seine-Saint-Denis, nous vous proposons de découvrir deux sites remarquables : l’aérogare du Bourget - aujourd’hui le Musée de l’air et de l’espace - et la cité de la Muette à Drancy qui fut aussi, durant la seconde Guerre mondiale, un camp de déportation, et qui est classé comme monument historique depuis 2001.

Le choix de Mathilde

Ce mois-ci, le 1% artistique? des collèges de Seine-Saint-Denis est à l’honneur ! Mais le 1% artistique, qu’est ce que c’est ? C’est "l’obligation de décoration des constructions publiques". En d’autres termes, c’est un dispositif mis en place depuis 1951 et encadré légalement depuis 2002, qui permet aux maîtres d’ouvrages des bâtiments publics de consacrer 1% du montant hors taxe total des travaux, qu’il s’agisse de rénovation ou de réhabilitation, au financement d’une œuvre d’art destinée à l’équipement. De part le panel large de bâtiments concernés (bâtiments scolaires, palais de justice, bibliothèques...), le dispositif permet de rapprocher art et public de tout âge.

Pierrefitte-sur-Seine, collège Gustave-Courbet - L’espace central, la sculpture du 1% artistique? de Frédérique Bertrand et l’aile enseignement
Photo Agnès Paty © Caue 93

Nous vous proposons donc des œuvres d’art dans le cadre du 1% artistique dans trois collèges :
 La sculpture modulaire de Frédérique Bertrand au collège Gustave Courbet à Pierrefitte-sur-Seine est un mur sculpté au cœur du collège, pensé à la fois comme un espace de repos et de présentation des travaux des élèves.
 Les colonnes antiques au sein du collège Langevin Wallon à Rosny-sous-Bois présentent des fragments de colonne romaine en ruine rappelant l’histoire séquano-dionysienne et faisant écho aux colonnes modernes de l’architecture du bâtiment.
 "Récoltes" par Estefania Peniafiel Loaiza, au sein du collège Barbara à Stains est une série de vingt photographies qui illustre les divers sens du mot "culture" entre passé agricole et mixité culturelle du lieu.

Zoom sur une découverte émouvante

Une découverte rare a été faite le mois dernier, lors de fouilles préventives menées par l’Inrap près de Clermont-Ferrand : la tombe d’un enfant d’un an environ décédé au tout début du 1er siècle, mais qui, lui, a été enterré dans un petit cercueil, accompagné d’objets personnels, de plats contenant les restes du banquet funéraire célébré lors de son inhumation, ainsi que d’un chiot. De toute évidence, il s’agissait d’un enfant issu d’une famille très aisée. Plus d’informations sur le site de l’Inrap et une courte présentation par la responsable du chantier à écouter sur France Bleu Pays d’Auvergne.

A Bobigny, sur le chantier de La Motte, une émouvante découverte a également été effectuée : la double sépulture d’un adulte et d’un petit enfant, allongé sur ses jambes. Les deux défunts ont été déposés dans une fosse, sans aucun mobilier, ce qui ne permet pas de dater cette tombe. Cette absence d’offrandes funéraire peut marquer un choix rituel ou la pauvreté de ces personnes... Ils semblent avoir été enserrés chacun dans un linceul, qui a disparu. L’adulte et l’enfant ont visiblement été enterrés en même temps : selon les premières observations, le petit était âgé d’un an et demi ou deux ans, et l’adulte était une femme d’après une première lecture des os de son bassin. Ce genre de découverte est rare et toujours émouvante, parce que derrière les morts, ce sont les vivants que les archéologues cherchent... Qui étaient-ils ou elles ? Un examen minutieux des ossements permettra de confirmer (ou pas) ces premières hypothèses et d’en savoir plus sur ces personnes décédées il y a plus de 2000 ans.

Une sépulture double sur le chantier de fouille de La Motte, le 5 février
Nettoyage soigneux de la sépulture avant de photographier l’ensemble.
Photo © Emmanuelle Jacquot / Département de la Seine-Saint-Denis, 2021

Si vous souhaitez en apprendre davantage sur l’archéo-anthropologie, nous vous conseillons d’écouter cette conversation avec Philippe Charlier, dans l’émission J’ai déjà connu le bonheur diffusée en 2018 sur France Culture.

lien direct vers le son

Quelques lectures pour approfondir votre connaissance du patrimoine séquano-dyonisien

 Thomas Fontaine et Benoît Pouvreau, Le camp de la cité de la muette à Drancy 1941-1944. Lieux d’histoire et de mémoire de la déportation en Seine-Saint-Denis (2), Bobigny, 2010
 Antoine Furio, « L’aéroport du Bourget et son territoire. Du mythe à la réalité », In Situ [En ligne], 35, 2018
 Benoît Pouvreau, « La stratigraphie complexe du camp de Drancy », Les nouvelles de l’archéologie [En ligne], 137, 2014