Immeuble de logements, 10 boulevard Carnot

par Pauline Ringoot

Édifié par Henri Demougeot dans le premier quart du XX^e siècle, cet immeuble de logements présente sans doute le traitement architectural le plus raffiné du front bâti nord du boulevard Carnot. Il est paré de deux matériaux caractéristiques de cette période à savoir la brique et la céramique^?, déclinées sous différents aspects.

L’architecte Henri Demougeot, dont l’agence se situait rue Quinsonnas, a surtout œuvré dans les quartiers nord de Saint-Denis. Il propose avec le n°18 du boulevard l’une de ses réalisations les plus abouties que nous connaissons jusqu’à maintenant. L’usage décliné de la brique comme matériau de parement^? et de décoration et la composition générale équilibrée de la façade – cinq travées, cinq niveaux –, qui s’articule autour de la travée^? centrale percée au rez-de-chaussée^? par la porte d’accès couronnée aux niveaux supérieurs par des baies^? jumelées, pourrait se rapprocher du n°19 place Jean Jaurès.

Aligné sur la hauteur de ses mitoyens, cet immeuble use du même système décoratif que les autres immeubles adjacents. La façade présente une bichromie, mais, à la différence de l’immeuble mitoyen^? réalisé par Moulin, c’est la couleur beige de la brique silico-calcaire qui domine largement. La brique rouge intervient ponctuellement en motifs géométriques, toujours différents à chaque étage, tantôt sur les trumeaux des travées, tantôt sur le couronnement^? des niveaux. Comme sur les autres immeubles de cinq niveaux, la modénature^? est en pierre de taille. Les consoles qui supportent les corniches en larmier diffèrent selon les niveaux : des consoles à volutes à R+1, des consoles à pointes de diamant à R+ 3 et des consoles à volutes renversées à R+4. Enfin, cet ensemble est rehaussé d’un abondant décor de céramique et de briques vernissées de couleur verte. Ces dernières soulignent le couronnement des baies en balèvre sur l’extrados et forme des frises sur le haut des trumeaux. Sur les pleins-de-travées entre R+2 et R+3, des bandeaux de céramique aux couleurs chatoyantes à motifs de cornes d’abondance et autres motifs floraux rappellent les rinceaux des garde-corps et les courbes des ancres. Ces dernières sont encadrées d’une composition décorative géométrique.
Le rez-de-chaussée qui se distingue des autres niveaux par son parement à refends enduit a été largement remanié. Seule la porte d’entrée centrale est restée d’origine. Elle est surmontée d’un motif de cuir abritant le monogramme RM, encadré de part et d’autre de feuilles d’érables, elles-mêmes surmontées d’un lourd fronton à aileron.

Date de construction

premier quart du XXe siècle

Organisme

Service du patrimoine culturel de la Seine-Saint-Denis

Date de rédaction

2013

Code site

066inv111

Date de découverte ou d'enquête

2011

Destination successive

logement