Les silos
18 juin 2020 , par
Des structures de stockage enterrées
Les silos sont des structures enterrées qui constituent le mode principal de stockage des grains. Ils apparaissent à l’Âge du Bronze mais connaissent une désaffection dès La Tène finale pour revenir en usage au premier Moyen Âge.
Aménagement des silos
Ces structures sont creusées dans des terrains secs et imperméables, à bonne distance de la nappe phréatique et dans un substrat? qui doit assurer une bonne cohésion de la structure? ; ce substrat doit être de compacité moyenne en surface afin de faciliter le creusement puis d’une compacité plus importante pour les niveaux inférieurs. Il semble néanmoins nécessaire que le niveau supérieur soit suffisamment compact de telle sorte à éviter que les bords du goulot ne soient fragilisés rapidement notamment par le passage des fouisseurs.
Quand le silo est creusé quand une couche de moyenne compacité, comme les niveaux limono-sableux fréquents en Ile-de-France, il apparaît nécessaire de consolider les parois. Cette consolidation peut prendre la forme d’un enduit ou d’un torchis.
Au fond, on découvre parfois une couche charbonneuse ayant pour fonction d’assainir la structure. Quelques exemples présentent des parois rubéfiées pour assécher la structure ou supprimer les parasites. Il peut exister des rigoles autour de l’ouverture du silo afin de drainer les eaux.
La plupart des silos sont facilement identifiables à leur profil caractéristique en forme de poire (profil piriforme).
Leur taille est proportionnelle à la quantité de grains que l’on souhaite y entreposer. Cependant, il convient de constater que plus les silos sont grands plus ils demandent d’investissement humain et plus les pertes de céréales germées sur les bords sont considérables ; d’autre part quand ils sont ouverts, l’oxygène entre et abîme rapidement le stockage. Les différences de taille s’expliquent probablement par la nature des grains entreposés, par une gestion différente des stocks. Les silos de taille moyenne pourraient être destinés à stockage individuel pour la maisonnée, contrairement aux silos de grand volume qui pourraient avoir un usage collectif.
Fonctionnement
Les grains sont stockés dans les silos après battage et vannage de la récolte.
Généralement, les silos étaient remplis en trois tiers avec foulage aux pieds à chaque fois ; on ajoutait ensuite de la paille au niveau du goulot et l’on disposait une pierre ou un bouchon en bois ou en argile pour la fermeture. Ce système empêchait l’intrusion de l’air et permettait la conservation des grains qui y étaient entreposés jusqu’à la récolte suivante tout en conservant également leurs propriétés germinatives avec de faibles pertes au contact des parois. La plupart des ouvertures sont suffisamment larges pour permettre le passage d’un homme. Une bonne étanchéité? de leur fermeture autorise une conservation de la récolte sur une ou plusieurs années à l’abri des insectes et des moisissures (Pesez 1991 : 151).
Le vidage se faisait à la main ou par un système de poulie.
Utiliser ce type de structure en creux pour la conservation des grains offre de nombreux avantages :
– cela permet de stocker une grande quantité de grains dans un espace réduit ;
– cela engendre peu de dépenses ;
– il s’agit d’une protection efficace contre les insectes et les rongeurs.
Implantation au sein des habitats
De manière générale, on constate que les silos sont implantés en fonction du substrat, plutôt limoneux ; les zones sableuses sont donc dépourvues de silos. Les points hauts des sites sont également privilégiés afin d’assurer une meilleure conservation des creusements et de limiter les risques d’humidité. Témoins de la vie économique d’un lieu, les silos sont souvent associés aux cabanes excavées et se trouvent non loin de fours domestiques. Comme ces derniers, ils peuvent être isolés, mais plus fréquemment regroupés voire constituer une aire d’ensilage.
Témoins des activités agricoles
Les silos constituent un indice d’activité agricole mais il n’est pas toujours aisé d’identifier les grains entreposés ; en effet, les comblements attestent essentiellement des rejets, témoins d’un éventail d’activités en lien avec la sphère domestique, mais concernant la seconde vie de la structure. Lorsque des graines sont encore présentes dans les sédiments au fond du silo, une étude carpologique permet de les identifier et de connaître les céréales stockées.
Ressources
Pour en apprendre davantage sur l’archéologie des silos... ou pour préparer les cours
Une synthèse simple et illustrée par l’Inrap : Expérimentation archéologique. Mettre des grains sous terre...Une méthode ancestrale de conservation.
Expérimentation archéologique d’ensilage souterrain préindustriel : un carnet en ligne assez technique, très complet, racontant une expérimentation archéologique des techniques d’ensilage médiéval menée dans le Languedoc.
Bibliographie scientifique
GAST M., SIGAUT F., BEUTLER C. et BUCHSENSCHUTZ O. dir.,1985 - Les techniques de conservation des grains à long terme. Leur rôle dans la dynamique des systèmes de cultures et des sociétés, 2 vol. : 3.1 et 3.2, Paris, éditions du CNRS, 610 p.
GAST M. et SIGAUT F. dir., 1979 - Les techniques de conservation des grains à long terme. Leur rôle dans la dynamique des systèmes de culture et des sociétés 1, Paris, éditions du CNRS, 232 p.
PESEZ J.-M., 1991 - « Outils et techniques agricoles du monde médiéval » dans Pour une archéologie agraire, Guilaine J. dir., Paris, 1991, p.131-164.