Situé dans un secteur anciennement maraicher, ce lycée d’enseignement professionnel, actuel lycée polyvalent André-Sabatier est destiné aux formations de coiffure, esthétique, montage optique et tertiaire. A proximité du lycée Costes, déjà en place, le lycée Sabatier complète ainsi les formations plus typiquement masculines du premier, par des sections plutôt destinées aux jeunes filles (sans être exclusives).
Marie-Christine Gangneux, associée à Léna Perot et à Bernard Huet, ont été sélectionnés en 1982 à l’issue d’un concours restreint. Il s’agissait pour les maîtres d’œuvre de reconstruire rapidement ce lycée professionnel et, conformément aux souhaits du maire de Bobigny, maître d’ouvrage, d’utiliser le procédé industrialisé? de l’entreprise Ballot en collaboration avec le Cabinet d’études balbynien Artec 20. La participation de Marie-Christine Gangneux à ce concours reviendrait au ministère de l’Éducation nationale avec lequel elle est en lien pour le collège Paul Eluard à Nanterre, qu’elle construit au même moment avec Léna Perot. Quant à l’association avec l’architecte Bernard Huet pour ce lycée, celle-ci semble s’être limitée à la phase de concours.
Le chantier démarre en septembre 1983 et les élèves font leur rentrée en septembre 1984. Prévu pour plus de 600 élèves, il comprend des salles d’enseignement général (11), des classes d’enseignement spécialisés (4), et d’enseignement technique (20). Celles-ci sont réparties dans deux bâtiments (R+1) placés autour de deux cours (l’une minérale, l’autre végétale) et réunies par un bâtiment central (R+2) abritant les services communs (entrée, médiathèque, restaurant, administration...).
Le parti-pris a été, – dans ce secteur marqué par la présence d’une voie de chemin de fer, d’une rue à dominante automobile et de bâtiments à vocations d’activités sans caractère– de conforter les éléments existants en prolongeant l’ordre du pavillonnaire par les logements de fonction, et en traçant les 2 cours du LEP, l’une par rapport au LEP Costes et l’autre par rapport à l’allée et à la rue de la République. Une démarche similaire a été observée pour la clôture sur la rue de la République à partir des deux maisons conservées et par une série de pignons? de trois maisons neuves. Enfin, une attention particulière a été apportée aux espaces extérieurs dont le traitement correspond au souci d’aménagement paysagé de ce quartier. On lit l’introversion et la coupure recherchées par rapport à la ville, ainsi que le jeu sur la qualité paysagère des cours, espaces collectifs isolés de l’environnement urbain.
Si le système constructif en béton armé? de l’entreprise Ballot a été imposé, celui-ci a cependant fait l’objet d’une adaptation particulièrement intéressante, le rendant presque méconnaissable. Utilisant la trame? de base de 7,20 m (en vigueur depuis les années 1970) sur poteaux et planchers à caissons et d’une trame de 0,9 x 0,9 m au niveau des cloisonnements, l’architecte souhaita nénamoins libérer les façades de ces poteaux afin de les recouvrir de brique, matériau qu’elle privilégia pour sa pérennité dans le temps et pour sa cohérence avec le caractère industriel environnant. Si la brique sombre domine (revêtement de l’ossature? en béton armé du procédé Ballot pour les bâtiments scolaires, maçonnerie brique pour les logements), elle contraste avec les menuiseries en aluminium blanc qui soulignent des façades épurées. A l’intérieur, la céramique? colorée anime les couloirs tandis l’entrée de l’établissement est soulignée, de part et d’autre de l’entrée par une composition en relief réalisée en briques et en pâtes de verre (3,20 m à la base et 1,70 m à 3,50 m de hauteur) par l’artiste Henri Gautret. Situées de part et d’autre du portail d’entrée et sur les deux faces, les briques sont maçonnées suivant un agencement particulier destiné à donner un mouvement dynamique qui contraste volontairement avec celle en aplat utilisée pour les façades des bâtiments
Alors que dans la plupart des établissements scolaires de cette époque, on ne dénombre qu’une seule œuvre réalisée au titre du 1% artistique?, le lycée André-Sabatier fait figure d’exception. Le programme? présenté devant la Commission Nationale des Travaux de décoration des édifices publics réunie le 22 novembre 1984, comportait en effet trois œuvres de trois artistes différents. Sur ces trois œuvres, deux furent financées au titre du 1% artistique (Henri Gautret et Thierry Sigg), la troisième (Anne Saussois) le fut par la Ville de Bobigny. Cette singularité s’explique par le coût trop élevé que représentait le financement de ces trois œuvres au titre du seul 1% artistique, et le souhait de n’en sacrifier aucune. Réalisées selon trois techniques différentes, elles étaient complémentaires tout comme le choix de leurs implantations dans le lycée qui répondait au désir des architectes de jalonner le cheminement entre des lieux fédérateurs.
Si l’œuvre d’Henri Gautret est encore en place aujourd’hui, il en est autrement de celle d’Anne Saussois qui ornait encore au début des années 90 le mur du fond du hall du bâtiment central. Il s’agissait cette fois, de l’agrandissement par un procédé photographique d’une de ses œuvres sur une toile collée au mur et qui visait à montrer aux élèves, un exemple d’utilisation des techniques artistiques modernes. Enfin, la dernière œuvre est celle de Thierry Sigg qui prit la forme d’une composition peinte sur panneaux en contreplaqué et zinc enduits évoquant le passé maraîcher du site. Prévue pour être installée au-dessus des fenêtres de la paroi sud du réfectoire, autre point de convergence pour les élèves et les enseignants avec l’entrée et le hall, elle devait également, par ses dimensions importantes (9 m x 1,80 m), être visible depuis les fenêtres de la bibliothèque du 2e étage. Percée de plusieurs ouvertures donnant sur le réfectoire, cette vue depuis la bibliothèque permettait aux élèves d’avoir le recul nécessaire pour une vision différente de l’œuvre. Intitulée « Le chemin des maraîchages », en référence au passé du secteur où est implanté le lycée, elle a malheureusement disparu à l’occasion semble-t-il de la rénovation du réfectoire suite à un incendie.
Ce lycée se démarque par sa simplicité et sa sobriété, et rien ne laisse deviner la nature de l’enseignement dispensé. Tant par son plan? que par ses façades en brique, ce lycée n’est pas sans rappeler l’architecture des béguinages flamands. il offre dans le panorama français un exemple sans emphase et une image renouvelée de l’architecture scolaire, malgré l’usage d’un des procédés industrialisés les plus utilisés depuis les années 1960.
En 2021, par le biais de la DRAC d’Île-de-France, le ministère de la Culture a décerné à cet édifice le label "Architecture contemporaine remarquable”.
Sources :
Archives municipales : W5110, W5111.
Archives départementales de la Seine-Saint-Denis : 1791W6, 1791W7, 2006W5
Archives nationales : 19910237/ 18 (1% artistique)
Date de construction
1981 (concours) -1984 (mise en service)
Organisme
Service du patrimoine culturel du Département de la Seine-Saint-Denis
Date de découverte ou d'enquête
2016
Maitre d'ouvrage
Ministère de l'Education nationale pour le compte de la Ville de Bobigny
Illustrations
La cour végétale (ouest) forme un contrepoint à celle plus minérale située à l’est.
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- 3264 × 2448 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
Dimensions |
3264 × 2448 pixels |
Résolution |
8.0 Mpx |
Poids |
3.7 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
p1120242.jpg |
Vue d’ensemble des bâtiments d’enseignement
N° 1029450 - jpg
- 3264 × 2448 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
Dimensions |
3264 × 2448 pixels |
Résolution |
8.0 Mpx |
Poids |
3.4 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Le bâtiment central comprenant l’accueil, le réfectoire et la bibliothèque et la cour minérale
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- 3264 × 2448 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
Dimensions |
3264 × 2448 pixels |
Résolution |
8.0 Mpx |
Poids |
3.4 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Percée visuelle entre le bâtiment d’enseignement (à gauche) et le bâtiment d’accueil.
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- 3264 × 2448 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
Dimensions |
3264 × 2448 pixels |
Résolution |
8.0 Mpx |
Poids |
3.4 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Façade sur l’allée de la République
N° 1029454 - jpg
- 640 × 480 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
640 × 480 pixels |
Résolution |
0.3 Mpx |
Poids |
164 kio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
p1220110.jpg |
1% artistique? : sans titre, Haut-relief en brique et pâtes de verre colorées de part et d’autre (…)
N° 1029455 - jpg
- 640 × 480 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
640 × 480 pixels |
Résolution |
0.3 Mpx |
Poids |
169 kio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Le bâtiment central vu depuis l’entrée. Les larges fenêtres éclairent le réfectoire.
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- 640 × 480 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
640 × 480 pixels |
Résolution |
0.3 Mpx |
Poids |
162.5 kio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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La salle du réfectoire, après sa rénovation.
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- 4896 × 3672 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
4896 × 3672 pixels |
Résolution |
18.0 Mpx |
Poids |
6.5 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Hall de circulation très lumineux (1er étage du bâtiment central), avec, à gauche, la rampe (…)
N° 1029460 - jpg
- 4896 × 3672 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
4896 × 3672 pixels |
Résolution |
18.0 Mpx |
Poids |
6.3 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Le procédé de préfabrication Ballot est utilisé ici avec beaucoup de subtilité
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- 4896 × 3672 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
4896 × 3672 pixels |
Résolution |
18.0 Mpx |
Poids |
6.4 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Vue perspective (nov. 1984) du lycée et de son insertion dans le tissu environnant.
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- 5406 × 3521 pixels
Détails
Crédits |
AM Bobigny, W5114 |
Dimensions |
5406 × 3521 pixels |
Résolution |
19.0 Mpx |
Poids |
1002.8 kio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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N° 1029464 - jpg
- 3260 × 1881 pixels
Détails
Crédits |
Crédits non renseignés |
Dimensions |
3260 × 1881 pixels |
Résolution |
6.1 Mpx |
Poids |
534 kio |
Date |
4 novembre 2020 |
Fichier |
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Ces différents pavillons qui se succèdent abritent le garage à vélos, logement du gardien, (…)
N° 1029465 - jpg
- 4896 × 3672 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2019 |
Dimensions |
4896 × 3672 pixels |
Résolution |
18.0 Mpx |
Poids |
6.9 Mio |
Date |
4 novembre 2020 |
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