Lycée Flora-Tristan
Lycée Flora-Tristan
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La construction du lycée Flora-Tristan s’inscrit dans le développement que connaît la ville de Noisy-le-Grand dans les années 1970 suite à la création de la Ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Il est implanté dans l’une des deux ZAC? nouvellement créées, la ZAC du Champy située à l’est de la ville et à proximité immédiate de la voie du RER. Afin de subir le moins possible les nuisances des voies, il fut placé au centre de l’îlot, complété en périphérie par un bâtiment à usage de logements, un théâtre de verdure et un local à vélo.
Le choix du maître d’œuvre fut le fait d’une négociation par entente directe, le principe d’une mise en compétition ayant été abandonné car celle-ci risquait de retarder l’ouverture du lycée, initialement prévue pour septembre 1979. Trois agences ayant plusieurs expériences en matière de bâtiments scolaires industrialisés avaient donc été consultées : Adrien Fainsilber, l’Atelier de Montrouge et enfin Jacques Kalisz. Ce dernier ayant été le seul à s’engager à tenir les délais, il fut désigné par le Conseil municipal de Noisy-le-Grand le 12 juillet 1977.
S’appuyant sur le programme? élaboré en 1977 par EPAMARNE et les responsables de l’Éducation nationale, qui mettait l’accent sur l’absence de pôle d’attraction au sein des bâtiments scolaires, Jacques Kalisz organisa le lycée en unités spatiales et fonctionnelles. Celles-ci ayant leur caractère propre et donc facilement identifiables de l’intérieur comme de l’extérieur, ces unités sont réparties dans cinq petits bâtiments à R+ 1. L’un est placé au centre, et joue le rôle d’espace de rencontre (gradins) mais aussi de distribution (coursives) vers les quatre autres bâtiments. Chacun d’entre eux abritent à l’étage un cycle (Terminale, 1er ; 2e) et le CDI, tandis qu’au rez-de-chaussée?, se répartissent les services à caractères généraux (auditorium, salles de sciences, vie professionnelle, secteur Art plastique et administration.). La zone « socio-culturelle », élément important du programme, est située à l’entrée du lycée sous l’étage des Terminales et forme un espace largement vitré, doté de mobilier fixe et complété par un patio? vitré.
Le principe de construction est basé sur une structure? porteuse tramée de type poteaux/poutres, apparente en façade avec en alternance, des panneaux de remplissage et d’éléments vitrés. Si nous ignorons si J. Kalisz fit appel à un procédé industrialisé? en particulier, l’ensemble de l’ossature? a été préfabriquée sur place (éléments de façade porteurs, poteaux intérieurs et poutres courantes) ou en usine (escaliers extérieurs et portiques de la rampe de l’espace central). Les poutres de rives, de 6,90 m x 1,20 m correspondent à la trame?, les planchers et toitures sont formés de dalles pleines en béton armé?. Quant aux éléments verticaux et aux meneaux?, ceux-ci ont été préfabriqués sur place, puis accrochés à la structure. Enfin, les façades comportent quelques panneaux pleins qui alternent « avec des panneaux sandwich revêtus extérieurement de Glasal teinté blanc » (Recherche et architecture, n°50, 1982, p. 16).
A l’instar de ses autres réalisations, J. Kalisz fait une fois encore la démonstration de sa capacité à donner aux façades rythme, élégance et variation. Celles-ci se composent d’éléments verticaux en béton dont la hauteur varie (à rez-de-chaussée, à l’étage ou sur les deux niveaux) conférant une dynamique à l’ensemble et le dépassement de ces éléments au-delà des planchers hauts et bas rompt définitivement toute monotonie. Outre leur rôle décoratif, ces éléments ont aussi pour mission de filtrer la luminosité dont le mouvement « au travers de la structure architecturale participe à l’émergence d’une ambiance calme et dynamique » (Recherche et architecture, n°50, 1982, p. 11). Par contraste ou pour mieux distinguer les fonctions, le bâtiment abritant les logements de fonction présente à l’inverse des façades lisses. Pour l’un comme pour l’autre, les baies? aux huisseries métalliques ne sont pas que de simples ouvertures, mais elles présentent un dessin quadrillé fait de pleins et de vides. Ces éléments verticaux lorsqu’ils sont situés à RDC, combinés avec le recul des façades vitrées, génèrent des passages couverts.
Dans un article publié dans La Construction moderne (n°48, 1986, p.2), J. Kalisz souligne « la primauté de l’espace intérieur sur l’extérieur dans la mémoire de l’homme », et l’importance qu’il y a à créer des ambiances pour favoriser les rapports sociaux. Les salles de cours bénéficient d’éclairages contrastés grâce aux éléments verticaux en façades qui forment brise-soleil? et le forum, est « meublé de gradins où les jeunes, comme au théâtre, vivent le spectacle de leurs propres mouvements » (Idem). Ce forum, qui couvre à lui seul 600 m² sur les 7 500 m² de surface utile de l’ensemble du lycée, était jusqu’à la mise aux normes accessibilité (vers 2006) doté pour partie de portiques et formait un espace théâtralisé. En effet, face à un amphithéâtre de forme semi-hexagonale se tenaient deux plateaux soutenus par des portiques en forme de Y et des coursives permettaient de contourner l’espace du niveau haut. La forme de ces portiques n’était d’ailleurs pas sans rappeler, bien qu’inversés, ceux en métal utilisés pour la structure porteuse du groupe scolaire Jean-Lolive à Pantin.
L’existence d’un 1% artistique? n’est pas à ce jour clairement établie. Les archives (AD de Seine-Saint-Denis 1791W16) font état d’un projet de sculpture qui aurait été confié au sculpteur cubain Augustin Cardenas. Une sculpture en marbre (2 m x 0,90 m) dite La Dompteuse, devait être placée dans l’herbe. Par sa singularité elle devait contribuer à « bouleverser les rêveries intimes des jeunes adolescents (extrait de la note de présentation, 13 juillet 1981, AD de Seine-Saint-Denis, 1791W16). Nous ignorons si elle fut réalisée ou a été enlevée depuis.
Entre 1998 et 2006, la structure porteuse extérieure fut entièrement repeinte et la couleur initiale (blanc/gris) fut remplacée par une alternance de couleurs (rouge/violet/blanc-crème). Un concours est lancé en 2008 visant à restructurer la demi-pension et à remplacer les menuiseries extérieures et panneaux de façade (contenant de l’amiante apparemment).
En 2020, par le biais de la DRAC d’Île-de-France, le ministère de la Culture a décerné à cet édifice le label "Architecture contemporaine remarquable”.
Bibliographie et sources :
– , « Jacques Kalisz et les espaces intérieurs », La construction moderne, n°48, 1986, pp. 2-6
– , « Lycée à Marne-la-Vallée », Recherche et architecture, n°50, 1982, pp.9-16.
Archives EPARMARNE :
– 47W1683, Dossier de demande de permis de construire.
– 54W1914, Dossier Permis de construire, avant-projet (21.10,1977).
– 110W155, Dossier Permis de construire, avant-projet (21.10.1977).
Archives régionales d’Île-de-France :
– 2968W91, Etude de faisabilité, juin 2006.
– Archives départementales de Seine-Saint-Denis :
– 1791W16, 1% décoration, choix de l’architecte, avant-projet et programme.
– Cité de l’architecture et du patrimoine, Centre d’archives d’architecture du XXe siècle :
Jacques Kalisz, complément 2014, 376 IFA 210.
Illustrations
Noisy-le-Grand ; Lycée Flora-Tristan - Entrée du lycée
Crédits | © Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
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Dimensions | 2309 × 1732 pixels |
Résolution | 4.0 Mpx |
Poids | 376.1 kio |
Date | 8 février 2021 |
Fichier | p1110910.jpg |
Noisy-le-Grand ; Lycée Flora-Tristan - Vue extérieure
Crédits | © Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
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Dimensions | 2309 × 1732 pixels |
Résolution | 4.0 Mpx |
Poids | 3.5 Mio |
Date | 8 février 2021 |
Fichier | p1110913.jpg |
Noisy-le-Grand ; Lycée Flora-Tristan - Façade et porte d’entrée
Crédits | © Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
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Dimensions | 2309 × 1732 pixels |
Résolution | 4.0 Mpx |
Poids | 3.5 Mio |
Date | 8 février 2021 |
Fichier | p1110915.jpg |
Noisy-le-Grand ; Lycée Flora-Tristan - Vue extérieure
Crédits | © Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
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Dimensions | 3264 × 2448 pixels |
Résolution | 8.0 Mpx |
Poids | 3.2 Mio |
Date | 8 février 2021 |
Fichier | p1110950.jpg |
Noisy-le-Grand ; Lycée Flora-Tristan - Vue intérieure
Crédits | © Photo Hélène Caroux / Département de la Seine-Saint-Denis, 2016 |
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Dimensions | 2309 × 1732 pixels |
Résolution | 4.0 Mpx |
Poids | 3.2 Mio |
Date | 8 février 2021 |
Fichier | p1110963.jpg |
- L’AUA : mythes et réalités. L’Atelier d’Urbanisme et d’Architecture, 1960-1985, Blin, Pascale (1988)
- L’atelier d’Urbanisme et d’Architecture (AUA) en Seine-Saint-Denis, Maurin-Gaisne Noëmie (1996)
- AUA. Une architecture de l’engagement 1960-1985, Cohen Jean-Louis, Grossman Vanessa (sous le direction de) (2015)