Novembre au service du patrimoine culturel

6 novembre 2020 , par Caroline Hoerni

Un arc-en-ciel pour commencer le mois !
Un incroyable arc-en-ciel bisounours couronne le chantier archéologique de La Motte.
Photo © Alaxandre Michel / BPA / Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis

Le patrimoine (re)confiné

Comme beaucoup d’entre vous sans doute, la majorité des agents du service du patrimoine culturel sont en télétravail, dans la mesure où leurs missions de service public sont réalisables en distanciel. L’activité des services départementaux doit cependant continuer aussi normalement que possible. Certains d’entre nous sont donc être sur le terrain : c’est le cas des archéologues. En effet, les opérations d’archéologie préventives ne sauraient être différées sans entraîner un retard considérable des travaux d’aménagements qu’elles précèdent. Ainsi, à Tremblay-en-France, Cristina Gonçalvès-Buissart lancera lundi une opération de diagnostic préalable à la construction de hangars. Ce diagnostic visera à déterminer si une fouille doit être opérée avant l’aménagement du terrain.

L’équipe de fouille de La Motte à Bobigny est aussi pleinement opérationnelle, le chantier devant se terminer dans les mois qui viennent ; une prise de vues par drone, sous la direction d’Emmanuelle Jacquot, y a eu lieu le 12 novembre.

Bobigny, site archéologique de La Motte
Prise de vue par drone.
Photo © E. Jacquot / CD93 - F. Bouffety / Les films d’Eole
  • Bobigny, site archéologique de La Motte
    Bobigny, site archéologique de La Motte
    Prise de vue par drone : vue du site archéologique et de la tour de l’Illustration, à l’arrière-plan? ? Bobigny et Pantin.
    Photo © E. Jacquot / CD93 - F. Bouffety / Les films d’Eole
  • Bobigny, site archéologique de La Motte
    Bobigny, site archéologique de La Motte
    Prise de vue par drone : le site archéologique, les terrains de foot, la Cité de l’étoile, et le centre de Bobigny à l’arrière-plan? ?.
    Photo © E. Jacquot / CD93 - F. Bouffety / Les films d’Eole

Pour découvrir l’environnement urbain contemporain remarquable du site archéologique de La Motte, consultez les notices d’inventaire de la cité de l’Étoile et de l’ancienne imprimerie de l’Illustration.

Quant à ceux d’entre nous chargés des activités de valorisation - dont je fais partie - nous sommes désormais en télétravail. Nous nous réjouissons d’avoir pu recevoir, du mois de juin à la fin d’octobre, de nombreux visiteurs dans le cadre de nos activités : visites guidées, balades urbaines, archéosite. Dans les circonstances actuelles, nous avons eu la chance de pouvoir partager "en vrai" notre passion pour le patrimoine et le fruit? de nos recherches.
Aujourd’hui, place au virtuel !
Vous pouvez commencer votre exploration de la Seine-Saint-Denis archéologique par la découverte de trois sites exceptionnels, à travers un cycle de conférences en ligne animées par Cyrille Le Forestier, archéo-anthropologue à l’Inrap. Il collabore depuis de nombreuses années avec notre équipe pour ce qui touche à l’archéologie funéraire. Il présente ce mois-ci, à travers trois conférences, les grands ensembles funéraires du département : les nécropoles de Bondy (jeudi 19 novembre à 14h30), de Bobigny (Jeudi 26 novembre à 14h30) et de Noisy-le-Grand (Jeudi 3 décembre à 14h30). Ces conférences sont gratuites, sur inscription sur le site ExploreParis.

Activités de valorisation du patrimoine

Nous enrichissons régulièrement cet Atlas de nouvelles rubriques et de nouveaux contenus. Nous y mettons à disposition les connaissances que les chercheur.e.s du service ont constituées sur le patrimoine souvent méconnu de la Seine-Saint-Denis. Le domaine couvert est vaste : archéologie, histoire, histoire de l’art, architecture... de la préhistoire à nos jours. Ce mois-ci, nous vous proposons de (re)découvrir trois collèges à l’architecture remarquable : le collège Jean-Jaurès, dit l’École Jaune, construit en 1960 au sein des Courtillières à Pantin ; le collège Victor-Hugo à Noisy-le-Grand, et son caractère net, linéaire?, au milieu d’un quartier à l’architecture toute en courbe ; enfin le collège Georges-Politzer à Bagnolet, pour son architecture boisée très chaleureuse.

Aucun patrimoine

Les chargé.e.s de valorisation du patrimoine sont en plein bilan de l’année 2020 - une année pour le moins mouvementée, au cours de laquelle nous avons déprogrammé, reprogrammé, adapté, créé des contenus virtuels, inventé des manières de vous recevoir dans les meilleures conditions de sécurité possibles... Nous planchons d’ores et déjà à la programmation de la saison 2021.
Nous travaillons également à la création d’activités virtuelles à vous proposer pour ce mois-ci et les prochains. N’hésitez pas à télécharger notre appli d’inventaire participatif pour vous détendre et vous cultiver lors de l’heure de promenade autorisée !

Le coup de cœur du mois ? Une femme chasseuse !

je vous propose de revenir sur la découverte d’une jeune chasseuse vieille de 9000 ans, mais âgée de seulement 17 à 19 ans lors de sa mort - dans les Andes péruviennes. Deux squelettes de chasseurs préhistoriques ont été mis au jour : il s’avère que l’un d’eux est une femme. La découverte a été publiée au début du mois dans la revue Science Advances, et reprise dans de nombreux médias. Cette découverte est remarquable car elle confirme les hypothèses de certain·e·s archéologues concernant la division sexuée des tâches dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs anciennes : les femmes, comme les hommes, peuvent être des chasseuses. L’affectation des tâches aux hommes et aux femmes dans les sociétés anciennes ne correspond pas forcément aux pratiques actuelles. En effet, dans les dernières sociétés de chasseurs-cueilleurs, les femmes cueillent et les hommes chassent... on sait désormais qu’au moins dans les Amériques, à la préhistoire, les femmes, comme les hommes, pratiquaient la chasse. En fait, les chercheurs ont tendance à plaquer sur les sociétés anciennes les modèles actuels, sans forcément s’en rendre compte, mais sans qu’aucun élément concret ne valide leur interprétation : c’est ce que l’on appelle un biais interprétatif. Pour comprendre ces mécanismes et les erreurs d’analyses qu’ils entraînent, vous pouvez visionner cette petite vidéo de Marylène Patou-Mathis, directrice de recherches au CNRS, à compléter par l’écoute d’un entretien passionnant avec Claudine Cohen, philosophe et historienne des sciences à L’Ehess.

L’homme préhistorique était aussi une femme, avec Marylène Patou-Mathis, sur France Culture (5 min) :

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Claudine Cohen, une femme dans la préhistoire, dans l’émission La méthode scientifique (60 min) :

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Marylène Patou-Mathis a également publié en 2014 un réjouissant roman préhistorique, Madame de Néandertal, journal intime, qu’elle présentait dans l’émission Le salon noir (30 min)

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A lire pour aller plus loin :
Claudine Cohen, Femmes de la préhistoire, Paris, Belin, 2016 (réédition 2019, Taillandier)
Marylène Patou-Mathis, Madame de Néandertal, journal intime, Édition Nil, Paris, 2014
Marylène Patou-Mathis, L’homme préhistorique est aussi une femme, Allary Éditions, Paris, 2020