Située à proximité du chemin de Marville dont elle tient le nom, cette piscine, inaugurée en 1975, est le premier équipement réalisé consécutivement à la transformation du parc des sports de La Courneuve en parc interdépartemental des sports. L’idée est cependant ancienne, puisqu’elle remonte au début des années 1950. Mais faute de crédit, le Conseil général de la Seine, alors propriétaire du site, opte pour un bassin-école préfabriqué, que vient de commercialiser la Société d’Études de Spécialités (S.E.S) avec le soutien du Ministère de l’Éducation nationale, en vue de favoriser la pratique de la natation et la préfabrication. Celui-ci est implanté vers 1955 à proximité de la tribune d’honneur de l’ancien hippodrome.
Un équipement retardé
Une dizaine d’années plus tard, la construction d’un « centre de natation » est de nouveau à l’ordre du jour. A l’initiative de la Ville de Paris, maître d’ouvrage délégué du Conseil général de la Seine alors propriétaire du site, ce projet s’inscrit dans un programme? plus vaste de réaménagement de l’ensemble du parc (arrêté d’approbation technique en 1968). La première étape (terrains sportifs) est confiée au paysagiste Jean Camand, qui est chargé à la même époque de plusieurs commandes d’espaces verts liés à des opérations de logements (Sarcelles, Châlons-sur-Marne, Reims …). La seconde, revient à l’architecte-urbaniste Pierre A. Sabatier, ami de Jean Camand qu’il a rencontré à la Ville de Paris. En outre, P. A. Sabatier vient de terminer la piscine de Saint-Chamond et avait pour son projet de diplôme à l’École Spéciale d’Architecture, étudié celui d’une piscine olympique.
Les plans sont dressés en 1966 et le permis de construire est approuvé en 1967, mais les entreprises ne soumissionneront qu’en 1973. En cause, les difficultés administratives liées à la création du nouveau département de la Seine-Saint-Denis et au transfert de maîtrise d’ouvrage qui s’en suivit. Les travaux démarrent en 1974 et, après dix-huit mois de chantier, la piscine est inaugurée en août 1975 par le Secrétaire d’État chargé de la Jeunesse et des Sports, Pierre Mazeaud.
Destinée à accueillir des nageurs des villes alentour et des compétitions, cette piscine est exceptionnellement grande pour l’époque. Composée d’un bâtiment couvert comprenant trois bassins (bassin sportif (25x15 m), bassin d’apprentissage (12,50x8 m) et une fosse à plongeon (14x12 m), elle possède également en plein air, un bassin olympique (50x21m) ainsi que des plages et aires de jeux. Elle est complétée par un pavillon? d’habitation indépendant pour le gardien qui fait le lien entre elle et l’entrée du parc, avenue Romain-Rolland.
Béton et coque
Prévue initialement en acier — c’est d’ailleurs à ce titre que l’architecte Pierre A. Sabatier avait été choisi comme maître d’œuvre après avoir obtenu le premier prix à un concours lancé par l’Office Technique pour l’Utilisation de l’Acier — pour autant, c’est en béton qu’il la réalisa, « ne croyant pas beaucoup à l’utilisation de l’acier pour la construction des piscines, en raison de la corrosion » (entretien avec P. Sabatier). Associé à l’ingénieur Sadowski, il conçoit un vaste bâtiment couvert de coques en béton précontraintes du système Silberkuhl, mises au point par l’ingénieur allemand du même nom et E. Häussier. Très en vogue à l’époque (crématorium du cimetière des Joncherolles, R. Auzelle arch.), ce système constructif qui permet de couvrir les grands volumes, avait été développé au même moment et à grande échelle? par les architectes Maillard et Ducamp pour les différentes piscines-types qu’ils réalisent alors en France (Avallon, Châtillon-sur-Seine, Melun) . Pierre A. Sabatier fut quant à lui séduit par ce dispositif qu’il découvre dans une usine de Saint-Florentin pour ses qualités structurelles et esthétiques et pour sa facilité de fabrication. Préfabriquées en usine, transportées par camion, elles peuvent ensuite être facilement assemblées sur le chantier. Contrairement à Maillard et Ducamp qui rendent peu visible en façade la forme en demi-sphère des coques, P. A. Sabatier les valorise.
Un complexe nautique de grande ampleur
La piscine, d’environ 44,80 m x 47,80 m, est couverte de deux séries de ces coques précontraintes disposées en « ailes de papillon » ou V. Ce système, adopté à la même période par quelques autres centres nautiques (Saint-André-Lez-Lille) permet ici d’assurer l’écoulement des eaux pluviales, la partie centrale comportant un chéneau fait converger l’eau vers des descentes implantées dans les piliers structurels qui supportent la couverture. Au centre de la piscine, les poteaux porteurs délimitent les deux volumes principaux mais sans occulter la lumière naturelle. Le premier volume qui comprend les deux bassins placés parallèlement à la façade sud éclaire ainsi le deuxième (fosse à plongeon et les espaces annexes (sanitaires, cabines…), situé lui côté nord. Chaque poutre mesure 23 m de long, nécessitant un total de 22 coques en béton précontraint d’une largeur de 2,50 et espacées tous les deux mètres. En façade nord et sud, les poutres reposent sur des poteaux disposés à intervalles réguliers, fermés par de larges baies? vitrées dont les divisions de menuiseries participent pleinement à rythmer la composition des façades. Cette dernière se reflète en outre dans le bassin de plein air qu’elle domine. P. A. Sabatier fait ici une remarquable démonstration des potentialités de ces structures en béton, rendant visible leur mise en œuvre et les qualités plastiques de ces voutains inversés.
Désolidarisés de la structure?, les bassins en béton sont alimentés, pour l’une des premières fois en France, par une eau stérilisée au brome, « dangereux? à manipuler mais ne provoquant aucune odeur ni irritation comme le chlore » (entretien avec P. Sabatier). La piscine est par ailleurs chauffée grâce au réseau de chauffage urbain auquel elle est raccordée. Un imposant plongeoir (5 m) en béton dessiné par l’architecte s’intègre parfaitement dans les hauts volumes et apporte un contrepoint intéressant avec les courbes des coques qui forment le plafond. Des sièges en coque plastique de couleur jaune et rouge donnent une note colorée à ces vastes volumes, tout comme les cabines de déshabillage en plastique orange situées à l’étage. D’une capacité totale de 2500 personnes, la piscine possède en effet deux unités de déshabillage (étage et sous-sol), dont l’une est complétée par un vaste local réservé aux porte-habits. Douches et sanitaires sont quant à eux localisés au RDC? et en sous-sol. Enfin, espace central, le hall d’entrée donne accès à ces deux niveaux par des escaliers séparés pour les hommes et les femmes, ainsi qu’aux bassins. Édifice fonctionnel, il est également un édifice moderne où est mis en avant le béton.
Un bas relief monumental en béton
L’entrée de la piscine, située sur la façade est encadrée par un bas relief monumental en béton blanc du sculpteur et graveur Paul Chériau. Couvrant pas moins de 300 m² et composé de 40 éléments ne mesurant pas plus de 8 cm d’épaisseur, ils ont été coulés dans des moules en polystyrène et laissés brut de décoffrage. Un claustra? également en béton réalisé par la femme de Paul Chériau, Danielle Obled, relie le bâtiment de la piscine au pavillon du gardien. Le motif géométrique de l’ensemble contribue à apporter une force poétique au béton et une véritable originalité à cet équipement sportif.
Lieu de compétitions cette piscine est l’une des rares à posséder encore aujourd’hui un bassin de plein air de 50 m. Elle pourrait connaître un renouveau dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Sources :
Archives du syndicat interdépartemental des parc de sports de Bobigny et La Courneuve
Archives municipales de La Courneuve
Archives de Paris
Entretien avec Pierre A. Sabatier
Date de construction
1973-1975 (inauguration)
Organisme
Service du patrimoine culturel
Date de découverte ou d'enquête
2012
Maitre d'ouvrage
Ville de Paris puis Département de la Seine-Saint-Denis
Parties constituantes
bassin sportif (25x15 m), bassin d’apprentissage (12,50x8 m), fosse à plongeon (14x12 m), bassin olympique de plein-aire (50 x21m), vestiares, douches
Illustrations
Le bassin olympique de plein-air est l’un des quatre bassins que comprend la piscine.
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- 744 × 500 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Guy Bréhinier / Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
Dimensions |
744 × 500 pixels |
Résolution |
0.4 Mpx |
Poids |
178.5 kio |
Date |
30 mai 2018 |
Fichier |
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Détail de la façade de la piscine et des coques précontraintes en débord.
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- 500 × 698 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Guy Bréhinier / Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
Dimensions |
500 × 698 pixels |
Résolution |
0.3 Mpx |
Poids |
134.7 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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Les sièges en coques plastiques dans la piscine de Marville sont de deux couleurs : jaune et rouge
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- 1015 × 683 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Guy Bréhinier / Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
Dimensions |
1015 × 683 pixels |
Résolution |
0.7 Mpx |
Poids |
375.3 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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Vue intérieure de la piscine interdépartementale de Marville, avec au premier plan?, la fosse (...)
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- 1024 × 683 pixels
Détails
Crédits |
© Photo Guy Bréhinier / Département de la Seine-Saint-Denis, 2015 |
Dimensions |
1024 × 683 pixels |
Résolution |
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Poids |
339.9 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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Dessin de la façade située devant le bassin de plein-air
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- 4563 × 3040 pixels
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Dessin © Service documentation – archives de La Courneuve 358W78 |
Dimensions |
4563 × 3040 pixels |
Résolution |
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Poids |
1.7 Mio |
Date |
30 mai 2018 |
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Carte postale - DR |
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860 × 595 pixels |
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0.5 Mpx |
Poids |
119.6 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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Le bassin de plein-air dans lequel se reflète la façade.
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- 1032 × 736 pixels
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© photos- archives du SIPS |
Dimensions |
1032 × 736 pixels |
Résolution |
0.8 Mpx |
Poids |
123.7 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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La piscine de Marville avec au premier plan? le logement de fonction.
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- 1037 × 670 pixels
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© photos- archives du SIPS |
Dimensions |
1037 × 670 pixels |
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100.6 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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La piscine de Marville avec sa façade sculptée par l’artiste Paul Chériau. A droite de ce mur, (...)
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61.4 kio |
Date |
30 mai 2018 |
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- 776 × 519 pixels
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© photos- archives du SIPS |
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0.4 Mpx |
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67.9 kio |
Date |
31 août 2018 |
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© photos- archives du SIPS |
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1027 × 670 pixels |
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Poids |
122.7 kio |
Date |
31 août 2018 |
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Le plafond vitré et éclairé n’existe plus
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© photos- archives du SIGPS |
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1032 × 741 pixels |
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Date |
31 août 2018 |
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© photos- archives du SIPS |
Dimensions |
502 × 355 pixels |
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Poids |
29.8 kio |
Date |
31 août 2018 |
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