Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches, actuellement sans affectation
Piscine municipale
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Inaugurée le 1er octobre 1933 devant près de 15 000 travailleurs, la piscine du boulevard Félix-Faure, est le premier équipement de ce type construit dans la banlieue du nord-est de Paris. Inspirée de la piscine de la Butte-aux-Cailles, équipement innovant édifié à Paris en 1924, elle illustre les nouvelles préoccupations hygiénistes? dans ce domaine et contribue à l’époque à faire de Saint-Denis l’une des villes les mieux dotées en équipements.
Hygiène et loisirs, une préoccupation déjà ancienne
La détermination de la Ville de Saint-Denis à se doter d’un tel équipement remonte à la fin du XIXe siècle. Dès 1896, à la suite de la décision prise en séance du 20 octobre d’installer une piscine municipale comme il en existe à Paris (Château-Landon 1884, boulevard de la gare 1895...), une commission présidée par l’architecte Ed. Blanchard, également adjoint au maire, est en charge d’étudier ce projet. Pour les conseillers municipaux, l’établissement d’une telle piscine « où les bains [sont] gratuits [permettrait] de rendre de grands services à la population ouvrière en lui permettant de se donner les soins hygiéniques qui deviennent un véritable délassement pour l’ouvrier enfermé toute la semaine et aussi pour les enfants de nos écoles » (AMSD 1D1045, CR du 20 octobre 1896, pp.116-117). Le site pressenti pour l’établissement de ces bains populaires et d‘une école de natation à eau chaude d’hiver et d’été se situe près de la Porte de Paris à proximité du bassin du canal dont l’eau devait alimenter le bassin. Confié à l’ingénieur Edmond Philippe, auteur notamment de plusieurs bains-douches populaires à Lille, Armentières, Douai ou encore Roubaix, ce projet resta cependant sans suite jusqu’en 1914.
Les aléas du projet de piscine
Dans les années 1910, la Ville invita tous les architectes de Saint-Denis à concourir pour la construction d’une nouvelle piscine. « Mais au mépris des engagements pris, une faveur avait été accordé à l’un d’entre eux et avait été chargé de poursuivre l’étude seul » [lettre de H. Demougeot, 5 mai 1928, AMSD 6M6]. Celle ci avait en effet été confiée à Paul Moulin, architecte qui venait de terminer la Poste rue de la République (066inv160). Cependant, la guerre puis son décès prématuré en 1927 ajourne une nouvelle fois la construction. Le maire décide alors de remettre en compétition le projet. Trois architectes dionysiens sont sollicités : Henri Grosmèche, architecte gérant du cabinet de feu Paul Moulin, Henri Demougeot et Gaston Dollat.
Réuni le 11 juillet 1928, le jury est composé de Roger-Henri Expert, professeur à l’École nationale des Beaux-Arts, M. Payret-Dortail, Architecte en chef de l’office HBM du département de la Seine, M. Gautier de la Guilde des Techniciens-conseils et de Louis Bonnier, Inspecteur général honoraire des services techniques d’Architecture et d’esthétique et de l’extension de Paris mais surtout architecte de la nouvelle piscine de la Butte-aux-Cailles à Paris. Leur choix se porta sur le projet de Gaston Dollat qui en de nombreux points s’inspirait de la piscine construite quatre ans plus tôt par L. Bonnier.
Un parti pris architectural inspiré de la Butte-aux-Cailles
Le terrain retenu se situe sur le boulevard Félix-Faure en plein centre de l’agglomération, à côté du groupe scolaire éponyme et à l’emplacement d’une machine élévatoire des eaux désaffectée depuis le début des années 1920.
Le parti adopté, nettement dissymétrique, propose deux corps de bâtiments contigus. Le premier, sur rue, rectangulaire et réparti sur 6 niveaux (3 sous-sol, R + 2), accueillait les salles de déshabillage, soit 146 cabines sur 3 niveaux, ainsi que les douches. Le second, surmonté d’une voûte, est réservé au bassin d’une dimension de 33 x 11, 50 m. (celle de la Butte-aux-Cailles mesure 33 x 13 m.) afin de permettre les entraînements sportifs. Ce dispositif innovant et hygiénique avait été inauguré à la Butte-aux-Cailles quelques années auparavant. Il avait pour avantage de proposer un circuit imposé aux baigneurs limitant ainsi la surveillance et de donner au bassin un maximum de surface. Autre analogie avec la piscine construite à Paris, l’usage d’arcs doubleaux qui soutiennent la voûte. Construite en béton armé? avec remplissage en brique et soubassement? en meulière, la façade fut ensuite enduite en ciment pierre et une inscription en mosaïque fut apposée sur la façade au dessus de la porte d’entrée. Les fondations se composent d’une « série de 52 pieux explosés en béton armé, système « Francki » (L’Emancipation, 30 septembre 1933, p.2).
Après guerre, de la municipalisation à la fermeture
Gérée par un concessionnaire privé jusqu’en 1946, date à laquelle la Ville en assura la gestion directe, la piscine fait l’objet de nombreux travaux (changement des châssis? métalliques, changement de système de chauffage, ajout d’un corps de bâtiment en façade pour abriter un escalier, modification des ouvertures…) jusqu’à son abandon en 1988, en raison des nouvelles normes sanitaires. La Ville privilégia alors la construction d’un bâtiment neuf, le centre nautique « La Baleine » édifié non loin du boulevard Félix-Faure, rue Jean-Moulin.
Préservation et reconversion
Bien que sans affectation depuis plus de vingt ans, cette piscine est protégée au titre du Plan? Local d’Urbanisme par la Ville de Saint-Denis en 2015, puis proposée dans le cadre de l’appel à projets "Inventons la métropole du Grand Paris" en 2016. Tout en conservant le grand bassin et la façade extérieure réhabilités, le projet lauréat (Jung architectures, Encore Heureux architecte) transforme le bâtiment existant en un lieu culturel et le surmonte d’un nouveau volume en bois destiné à des logements.
Illustrations
Saint-Denis, Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches - vue du bassin en 2011
Crédits | Photo Hélène Caroux © Département de la Seine-Saint-Denis, 2011 |
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Dimensions | 2560 × 1920 pixels |
Résolution | 4.9 Mpx |
Poids | 2.8 Mio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | 30301.jpg |
Saint-Denis ; Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches - la piscine en activité avec au fond la fresque
Crédits | © Département de la Seine-Saint-Denis |
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Dimensions | 1741 × 2465 pixels |
Résolution | 4.3 Mpx |
Poids | 1.1 Mio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | 30302.jpg |
Saint-Denis ; Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches - vue du bassin
Crédits | © Département de la Seine-Saint-Denis |
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Dimensions | 1000 × 1332 pixels |
Résolution | 1.3 Mpx |
Poids | 796.2 kio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | piscine_de_saint_denis.jpg |
Paris ; Piscine et bains-douches de la Butte-aux-Cailles - vue du bassin
Crédits | © Département de la Seine-Saint-Denis |
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Dimensions | 351 × 450 pixels |
Résolution | 0.2 Mpx |
Poids | 38 kio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | station_balneaire_de_la_butte_aux_cailles.jpg |
Saint-Denis ; Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches - dessin de la façade
Crédits | © Département de la Seine-Saint-Denis |
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Dimensions | 885 × 533 pixels |
Résolution | 0.5 Mpx |
Poids | 79.7 kio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | 30893-2.jpg |
Saint-Denis ; Piscine municipale Félix-Faure et bains-douches - avant-projet non réalisé
Crédits | © Département de la Seine-Saint-Denis |
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Dimensions | 885 × 539 pixels |
Résolution | 0.5 Mpx |
Poids | 103.7 kio |
Date | 16 mai 2018 |
Fichier | 30891-2.jpg |
- Piscines en Seine-Saint-Denis - 1933-1997, des bords de Marne aux centres nautiques, Caroux Hélène, Jungers Solange (2005)
- Sport et Architecture en Seine-Saint-Denis. Les équipements sportifs de la banlieue du Nord-Est parisien (XIXe-XXIe siècle), Caroux, Hélène, Furio, Antoine, Kssis, Nicolas (2017)
- [Piscine municipale de Saint-Denis]., (1934)
- Stades et piscines., Lezine, A. ([ca 1937])
- Piscines en Seine-Saint-Denis - 1933-1997, des bords de Marne aux centres nautiques, Caroux Hélène, Jungers Solange (2005)
- Sport et Architecture en Seine-Saint-Denis. Les équipements sportifs de la banlieue du Nord-Est parisien (XIXe-XXIe siècle), Caroux, Hélène, Furio, Antoine, Kssis, Nicolas (2017)