Un métier du patrimoine culturel : Clémence, médiatrice en archéologie
23 juillet 2021 , par
Clémence Arnaud, médiatrice du patrimoine spécialisée en archéologie
Une interview réalisée par Mohammed Alabi, stagiaire en médiation archéologique

Quels sont ta formation et ton parcours professionnel ?
J’ai d’abord fait une licence de japonais qui m’a conduite au Japon, où j’ai vécu deux ans. Puis j’ai suivi une formation de guide-conférencière à Arras, dans le Pas-de-Calais ; j’ai ensuite fait un stage de guide-conférencière à Avignon au Palais des papes. Je suis arrivée après cela en région parisienne.
Mon expérience professionnelle a débuté avec les Vedettes du Pont-Neuf, sur les bateaux mouches ; les Pont-Neuf se trouve au bout de l’Île de la Cité, c’est le pont le plus long de Paris, parce qu’il relie directement rive droite et rive gauche. Pendant un an, j’étais donc sur les bateaux à présenter le paysage parisien, en français et en anglais : « Sur votre droite le musée du Louvre et sur votre gauche le musée d’Orsay ! »
Parallèlement, depuis 2019 je travaille pour la mairie d’Argenteuil en tant que guide-conférencière. Je réalise des visites guidées, dans un espace muséal qui s’appelle l’Atelier.
J’ai commencé à travailler à l’archéosite cette année. Ici, ce qui me plait d’abord, c’est la liberté de pouvoir faire beaucoup de choses, de pouvoir animer à sa manière, de pouvoir prendre des initiatives et c’est ce qui est génial.
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Un groupe de collégiens attentifs
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Installation d’une exposition
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L’été, les enfants d’un centre de loisir
Qu’est-ce qui te plait le plus dans ton métier ?
On apprend tout le temps de nouvelles choses et on partage beaucoup avec les gens. Avec les enfants en particulier, c’est magique, ils connaissent tellement plus de choses que toi et moi ! J’aime aussi la médiation parce qu’on est souvent avec un public qui a fait le choix de venir. Ce n’est pas comme en classe, où les jeunes qui s’y retrouvent ne savent pas toujours ce qu’ils font là. Notre public est plus attentif car il a délibérément choisi d’être présent.
Par-dessus-tout, quand tu échanges avec des personnes, qui à la fin te disent « Merci » (sincèrement !), ça vaut tout l’or du monde. Hier par exemple, un monsieur m’a dit : « On voit que vous vivez votre métier, vous aimez ce que vous faites ». Quand j’entends ce genre de compliments, je sais pourquoi j’accepte des postes de vacataire, des CDD, bref, des emplois précaires : parce que notre but, c’est de transmettre les connaissances, et on le fait dans la joie et dans la bonne humeur. Je me souviens d’une autre anecdote : j’animais des ateliers à Argenteuil, mais je n’avais dormi la nuit d’avant que 4 heures, j’étais toute épuisée... mais mes ateliers s’étaient tellement bien passés que j’avais le sourire jusqu’aux oreilles et là, crois-moi, « t’es plus fatiguée », parce que tu fais un métier qui te plait et qui est apprécié en retour par le public.
Je dois aussi te dire que je n’ai jamais pensé autant aimer la préhistoire... quand j’ai commencé en avril 2021 je n’y connaissait presque rien, et déjà en juin je me suis découvert une nouvelle passion !
J’imagine que tu dois bien rencontrer quelques difficultés ?
C’est loin d’être tout beau tout rose, évidemment, et dans ce métier il y a des difficultés qu’on ne soupçonne pas ! Je pense par exemple à certains visiteurs qui croient connaître tout sur tout, qui te reprennent à chaque fois que tu dis un mot ; c’est très agaçant. Une fois, à Argenteuil, un monsieur se tenait en face de moi et me reprenait à chaque fois que je disais quelque chose ; à un moment, tu as envie de dire que tu n’es pas là pour ça. Parfois, certaines personnes considèrent qu’être jeune, c’est ne pas être à la hauteur... mais c’est faux !
