Un silo médiéval découvert à Tremblay-en-France

Caractéristique des vestiges archéologiques distinctifs des occupations rurales, indispensable au stockage des récoltes, on le trouve en quantité sur plusieurs sites séquano-dyonisiens : le silo.

Le silo médiéval SER393

Il s’agit d’un creusement circulaire avec une ouverture d’un diamètre de 125 cm, à profil piriforme (en forme de poire, avec une largeur maximale de 235 cm) et fond quasi plat. Il entaille différents niveaux de substrat^? sur une profondeur de 185 cm. Ces dimensions importantes le distinguent des autres silos mis au jour sur le même site. Ses dimensions, sa position centrale au sein du site et un fonctionnement sur une période longue (le silo a donc été entretenu) laissent penser que le silo pourrait avoir un usage collectif et non pas uniquement pour une famille.

On distingue une trentaine de couches qui comblent le silo ; elles attestent ici de rejets liés à l’abandon du silo (couche charbonneuse sur la photographie). Il présente notamment un des ensembles céramiques les plus riches du site avec une série de cruches, d’oules^? et un fragment de lampe sur pied^?. L’ensemble est homogène et daté des XIe-XIIe siècles.

La fouille de la rue de Chalmassy : un site rural

C’est lors de la fouille préventive^? réalisée en 2012-2013, rue de Chalmassy à Tremblay-en-France, qu’a été découvert le silo SER393 .
Ce site a livré des témoins d’occupation datables entre la fin de l’époque carolingienne (les années 900) et les XIe-XIIe siècles : près de 90 % des structures et des mobiliers^? découverts sont rapportables à cette période.
Parmi les vestiges les plus remarquables, on a mis au jour 37 silos, dont les volumes vont de 0,33 m³ (l’équivalent d’une citerne de 330 litres) à 3,90 m³ : c’est le cas du silo SER393, dont le volume est équivalent à une citerne de presque 4000 litres. La plupart se trouvent dans la partie centrale du site, et sont circonscrits au sud par un fossé et au nord par une zone de structures de combustion et de cabanes excavées (autrement dit, des fours et des abris). Si le nombre de silos - destinés à la conservation des récoltes de céréales - est important, on note que la quantité de restes animaux mis au jour sur le site est faible - 867 fragments d’os, dents et bois , ce qui représente un poids total de 7,432 kg : pour 3 siècles d’occupation, cela fait peu. Cela pourrait être un indice de l’orientation des terroirs tremblaysiens vers la céréaliculture à cette période, plutôt que vers l’élevage, ce que marquerait également la construction d’une nouvelle grange par Suger^?,la grange-aux-dîmes, toujours debout à côté de l’église de Tremblay.
Par ailleurs, on observe, dans l’angle nord du terrain fouillé, un espace carré d’environ 260 m², totalement stérile en vestige. Sa localisation à l’écart des autres structures et ses caractéristiques - il est volontairement vide de structures - suggèrent une aire dédiée au traitement des récoltes : stockage des épis sur tige, battage ou foulage des blés. Un chemin mène à cet espace, qui date de la même période que les silos.
Cet élément supplémentaire pourrait conforter l’hypothèse d’un espace dédié au stockage des épis sur tige et/ou à leur transformation, avant ensilage des grains dans les silos enterrés.

Ressources en ligne

• Renvoi sur l’article de l’Atlas "Les silos"
• Expérimentation archéologique d’ensilage souterrain préindustriel" : un carnet en ligne assez technique, très complet, racontant une expérimentation archéologique des techniques d’ensilage médiéval menée dans le Languedoc.

Publication

Tremblay-en-France, rue de Chalmassy. Rapport de fouille archéologique. Volume 1. - Goncalves-Buissart Cristina (dir.) - 2014