établissement Bliss
établissement Bliss
Créés aux Etats-Unis en 1898, les établissements E.W. Bliss ouvrent leur filiale française en 1906 à Saint-Ouen. Spécialisée dans la fabrication de presse de découpe et d’emboutissage, l’entreprise fournissait toutes les grandes sociétés de construction mécanique à travers l’Europe. Employant plus de 260 personnes dès son ouverture et prés de 350 en 1929, Bliss étendit progressivement ses
installations audoniennes.
Sur un premier terrain situé au croisement de la rue des Bateliers et du boulevard Victor Hugo, l’entreprise fit construire son bâtiment administratif, ses ateliers et magasins
par l’architecte Herbon. L’ensemble fut agrandi en 1917 par G. Gallier, architecte connu pour avoir
réalisé de nombreux immeubles sur Clichy. Le bâtiment administratif, qui a conservé sa belle façade symétrique sur le boulevard (façade en brique, aujourd’hui recouverte d’un crépis), est
séparé du reste des ateliers par une cour. Telle une vitrine de l’entreprise aux yeux des passants, les bureaux dissimulent les halles métalliques où s’effectue la production.
De l’autre côté de la rue des Bateliers, sur un terrain de l’hippodrome, d’autres ateliers avaient été construits pour
accueillir une fosse de 44 mètres de profondeur pour le montage des très grosses presses. Puis en 1920, le long du boulevard Victor Hugo de part et d’autre de la rue de l’Industrie, Bliss fit construire
de nouveaux ateliers, des magasins et des locaux pour le personnel. La réalisation confiée aux architectes Malifaud et Nicolas diffère des précédentes tant par les matériaux utilisés
que par les formes. Aux premières constructions classiques et sobres s’opposent une architecture béton-brique affichant davantage de monumentalité. Les façades-pignons?, véritables enveloppes du bâtiment, sont recouvertes de larges baies? vitrées et sont couronnées par des frontons
dissimulant les lanterneaux.
En 1957, les premiers ateliers ont été remaniés (création de planchers et surélévation de façades) par Marcel Forest, architecte renommé dans le domaine industriel pour avoir notamment réalisé en 1922 la brasserie Motte Cordonier à Armentières. Le recours
des Établissements Bliss à ce maître d’œuvre pour de simples transformations du bâti est révélateur de l’importance de l’entreprise. Considéré comme le plus grand fabricant de presses du pays, la société était également le sixième exportateur français en 1975. Son savoir-faire lui valut de recevoir le prix de la qualité française en 1977. Cette même année l’entreprise est rachetée par le groupe américain Colf and Western Industrie, qui décide de fermer le site où 360 personnes travaillaient encore. Les terrains sont repris progressivement et remplacés par des édifices commerciaux, Conforama puis Leroy Merlin. Au début de l’année 2005, la ville a acheté une partie des ateliers de 1920 pour la construction de logements. De l’autre côté de la rue de l’Industrie l’ancienne cantine a été reconvertie en église évangélique après une réhabilitation lourde. L’ancien bâtiment administratif a également subi une réhabilitation qui a dissimulé tous les décors de façades sans pour autant nuire à sa plastique d’origine. Très bien intégré au contexte urbain, il porte encore témoignage
de l’épopée du plus important fabricant français de presses.