les Docks

Le secteur des « docks de Saint-Ouen » est né en 1830 avec l’ouverture de la gare d’eau de Saint-Ouen, l’infrastructure^? portuaire puis ferroviaire générant la création d’un important quartier d’entrepôts de marchandises et d’industries. Le site des docks illustre une réflexion originale et précoce en matière de connexion de la voie d’eau au rail. Le premier entrepôt (magasin sous douane) est ouvert en 1832, entraînant la construction des premières halles.
A partir du milieu du XIXe siècle, la voie d’eau se voit concurrencée par le chemin de fer. En 1855 et 1856 les fondateurs des docks obtiennent la concession, pour 99 ans, d’une voie ferrée reliant la darse au chemin de fer de Petite Ceinture dans Paris. La « Société anonyme du chemin de fer et des docks de Saint-Ouen à Paris » est chargée de son exploitation qui débute en mars 1862. Le 13 novembre 1864 est inauguré le nouvel ensemble des docks, un bassin agrandi et aménagé avec cinq pontons flottants formés chacun de 100 cuves de 25 000 litres reliées et immergés dans le canal. Les docks connaissent un succès considérable : 3800 wagons circulent sur cette ligne pendant les premiers mois d’exploitation, 400 bateaux chargent et déchargent 8 000 tonnes de marchandises (bois, briques, moellons, pierres, houille etc.). L’essentiel du trafic est alors absorbé par Paris. Le site prend pleinement son essor à partir des années 1870 lorsqu’il s’inscrit dans la stratégie de développement de deux grandes compagnies : la compagnie de Chemin de fer du Nord et la Cie des Entrepôts et Magasins Généraux de Paris (EMGP).
La construction de matériel ferroviaire et la fonction d’entrepôt apparaissent comme les deux principaux secteurs d’activités sur la zone jusqu’aux années 1920. Les entrepôts sont alors affectés aux alcools (avec ceux de Saint-Denis), aux pétroles et aux huiles industrielles. La présence de ces entrepôts a pu attirer d’autres établissements industriels sur la zone comme en attestent les liens entre l’implantation des sociétés Ricqlès et Lesieur et les entrepôts d’alcool et d’huiles. Deux autres types d’activité ont marqué et marquent encore la zone des docks : la production énergétique et le traitement des déchets urbains : Compagnie Parisienne de Distribution d’Electricité (CPDE), Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU), Société de Traitement Industriel des Résidus Urbains (TIRU)). Présent dès 1849 (usine Farcot), le secteur de la construction mécanique se développe à partir des années 1910, en lien avec les nécessités accrues des constructeurs automobiles et les besoins liés à la Première Guerre mondiale : entreprise Bliss, Société d’Outillage Mécanique et d’Usinage d’Artillerie (SOMUA), Compagnie Française Thomson Houston, Société Labinal. Les années 1920 et 1930 sont marquées par l’apogée de la construction mécanique et de l’électrométallurgie : entreprise Ziegler, Compagnie nationale des radiateurs, Société Labinal.
Entrée précocement dans l’aire industrielle, la zone des docks est également la dernière du département à être touchée par la crise. Certainement épargnés par la forte proportion d’entreprises publiques ou mixtes (Alsthom, SNECMA, SNCF, CPCU, TIRU, EDF), les docks ont muté progressivement en limitant la disparition trop massive d’emplois. Depuis dix ans, ce site vit une nouvelle mutation : des zones de friches apparaissent sur les rues Pierre et de Clichy, tandis que prolifèrent des petites entreprises à faible valeur ajoutée sur les rues des Docks et Ardouin. Après les réalisations de la ZAC^? Victor Hugo, la Ville lance aujourd’hui un grand projet de recomposition urbaine du secteur des docks.

Organisme

service du patrimoine culturel de la Seine-Saint-Denis

Date de rédaction

2004

Code site

070inv052

Date de découverte ou d'enquête

2004

Source

inventaire départemental

Qualification de datation

campagne(s) de construction

Lieu-dit ou quartier

les Docks

Parties constituantes

entrepôt ; usine de construction mécanique ; usine de construction électrique ; usine de produits agro-alimentaires ; centrale thermique ; bâtiment administratif ; ensemble du génie civil

Date initiale

1825

Date de fin

1999

Intérêt

remarquable